Le Tumblr Paye ta shnek a été lancé en 2012, par la militante indépendante Anaïs Bourdet.

Elle a décidé de « tirer [sa] révérence ». Sept ans après avoir lancé le Tumblr féministe Paye ta shneck (PTS), Anaïs Bourdet a annoncé dans un message, publié dimanche 23 juin sur les réseaux sociaux, qu’elle avait décidé d’arrêter de recueillir et de publier des témoignages de femmes victimes de harcèlement.

« Je n’en peux plus. Je n’y arrive plus. Je n’arrive plus à lire vos témoignages et à les digérer en plus des violences que je vis dès que je mets le pied dehors […] Je n’ai pas ou plus les épaules, je suis épuisée et, honnêtement, terrorisée. »

« Après balance ton porc, metoo et toutes les prises de parole, il faut passer à l’étape suivante. Témoigner ne suffit plus. Rien n’a changé tous les hommes sont toujours aussi violents », regrette-t-elle encore, concédant dans la foulée ne pas avoir de « suggestion pour l’étape suivante ».

Malgré ce « constat d’échec », Anaïs Bourdet explique que PTS prendra « peut-être une autre forme ». En attendant, la militante indépendante va notamment collaborer au podcast YESSS, qui a pour objectif de récolter « des témoignages de meufs qui ont triomphé sur le sexisme ».

Catalogue d’expériences

Deux ans après la première plate-forme participative féministe Vie de meuf, qui recueille des témoignages de sexisme au travail, Anaïs Bourdet lance le Tumblr Paye ta shnek en 2012. Sa créatrice s’est inspirée, à l’époque, d’une vidéo en caméra cachée mise en ligne par une habitante de Bruxelles, Sofie Peeters.

Plusieurs autres plates-formes ont rapidement suivi. Paye ton utérus, un mot-clé sur Twitter sur les problèmes d’accès aux soins pour les femmes lancé en 2015, le blog Paye ta robe, sur le sexisme dans le milieu des avocats, lancé en octobre 2016, de même que Chair collaboratrice.

En janvier 2017, trois nouveaux blogs voient le jour : Paye ta blouse, pour le milieu hospitalier, Paye ta fac, pour l’université, Paye ton taf, sur le sexisme et le harcèlement sexuel au travail, et la page Facebook Paye ton journal, sur le sexisme dans les salles de rédaction. Ces plates-formes ont en commun d’attirer l’attention des médias au moment de leur création, en proposant un catalogue d’expériences, dont on ignorait jusqu’ici la répétitivité et la violence.