Tous les voyants sont au vert. Paradoxalement, c’est l’année où l’ASVEL a abandonné sa couleur historique – passant du vert au noir – que le club présidé par Tony Parker est remonté au premier rang national. L’équipe originaire de Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, a décroché le 19e titre de champion de France de son histoire en remportant le cinquième match de la finale (masculine), mardi 25 juin dans son antre bouillante de l’Astroballe en battant Monaco (66-55).

Ce sacre, porté par le pivot croate Miro Bilan (11 points dans le match 5) et le capitaine Charles Kahudi (9 points, 10 rebonds) sur le parquet, intervient quelques jours après l’annonce de l’union entre le club et son grand voisin du football, l’Olympique lyonnais. Tony Parker, président de l’ASVEL, et Jean-Michel Aulas, président du groupe OL, ont entériné, samedi 22 juin, le partenariat entre les deux mastodontes du sport lyonnais.

L’OL Groupe va entrer au capital de l’Asvel, déboursant 3,4 millions d’euros pour 25 % du budget de l’équipe masculine, et 300 000 euros pour le Lyon Asvel Féminin. En parallèle, le néo-retraité des parquets NBA devient l’ambassadeur de l’OL, notamment aux Etats-Unis et en Chine, où le club de foot entend se développer.

Depuis sa reprise du club villeurbannais, en 2014, Tony Parker ne dissimule pas son intention de faire de l’équipe un fer de lance en France, et un acteur d’importance en Europe. « Je veux faire de l’Asvel l’un des plus grands clubs d’Europe », assénait-il alors, sans vouloir pour autant « s’enflammer et vendre du rêve. »

Débuts en Euroligue l’an prochain

Cinq ans plus tard, le club est devenu la première équipe depuis le Paris université club (PUC), en 1963, à avoir réuni les titres de champions de France chez les femmes et les hommes la même année. Et la section masculine va faire ses débuts à l’automne en Euroligue, la meilleure compétition européenne, une ligue semi-fermée qui lui a octroyé une invitation pour deux ans.

Une progression constante, à l’instar du budget du club (passé de 5,2 millions lors de la reprise du club à 10 millions l’an prochain), quitte à s’éloigner des racines villeurbannaises de l’équipe.

Depuis l’automne, le club ne répond plus à sa dénomination originelle, Association sportive de Villeurbanne Éveil lyonnais (ASVEL), mais a adjoint son nom à celui du vendeur en ligne de produits high-tech et de matériel informatique LDLC.

Désormais « namé », moyennant au moins 800 000 euros annuels, l’ASVEL a également troqué sa couleur verte historique pour un noir et blanc plus neutre (et aux couleurs du sponsor titre).

« A un moment, quand vous faites du naming, il faut s’adapter aux couleurs de la société avec qui vous vous mariez, a plaidé Parker. Si nous voulons devenir un club qui joue au plus haut niveau européen, ce sont des étapes que vous êtes obligés de franchir. » Une sortie plus diplomatique que celle du patron du groupe LDLC, Laurent de la Clergie, estimant que « quand on est européen le vert n’est pas une couleur qui fait rêver ».

Un « boost » pour le basket français

Cette révolution du jour au lendemain a toutefois déstabilisé les supporteurs, à commencer par les « Green gones », au nom désormais désuet. Mais la progression du club est à ce prix, et le meilleur joueur de l’histoire du basket français n’hésite pas à secouer le landerneau, imposant des méthodes à l’américaine. Avec succès.

« Il y a quelques irréductibles, mais quand on s’appelle Tony Parker, on peut y arriver, souligne le président de la Fédération française de basket (FFBB), Jean-Pierre Siutat. Ce n’est pas le seul, mais il y arrivera plus facilement, car il a les moyens d’être respecté dans ses choix. » Saluant la « vraie dynamique » initiée par Parker, le patron du basket hexagonal estime que la progression du club « booste automatiquement le basket français, masculin et féminin. »

D’autant que le projet de l’ASVEL mise sur le développement de jeunes pousses prometteuses. De Théo Malédon, meneur de 17 ans déjà international, à Marine Johannès, fer de lance de l’équipe de France recrutée pour la saison prochaine, l’ancienne « Green team » veut relever la mission de faire passer un cap au basket français.

L’association avec l’OL permettra également à l’ASVEL d’évoluer dans la future salle d’au moins 15 000 places que construit l’OL Groupe aux abords du stade des Lumières, et qui devrait être opérationnelle lors de la saison 2021. Cette délocalisation à Décines se fera lors des « matchs de prestige », a insisté Tony Parker, soucieux de ne pas rompre le lien avec Villeurbanne, mais qui enterre le projet de nouvelle salle dans la ville rhodanienne.

L’ASVEL est de retour sur le toit de France. Et ce n’est qu’un début, aspire à croire le patron du club, dont la section masculine a fêté ses 70 ans au printemps. Tous les voyants sont au vert.