Mana Iwabuchi contre l’Angleterre, le 19 juin, à Nice. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Le sursaut du Japon viendra-t-il de sa dribbleuse de poche ? Branchées sur courant alternatif depuis l’ouverture du Mondial, les Nipponnes misent plus que tout sur les prouesses de leur petite attaquante (1 m 56) Mana Iwabuchi pour renverser les Néerlandaises, championnes d’Europe en titre, en huitièmes de finale de la Coupe du monde, mardi 25 juin, au Roazhon Park de Rennes.

C’est là même que la star de l’International Athletic Club Kobe Leonessa s’était illustrée, le 14 juin, contre l’Ecosse en inscrivant le premier but de sa sélection, d’une belle frappe sous la barre. Elue joueuse du match, elle avait amorcé la victoire (2-1) des « Nadeshiko « et relancé sa formation, totalement éteinte lors de son entrée en lice contre l’Argentine (0-0). Avec son centre de gravité très bas, elle avait mis au supplice les athlétiques défenseuses de « l’équipe au tartan », réduites à l’état de vulgaires plots.

Au terme du match, Mana Iwabuchi avait rechigné à tirer la couverture à elle, pensant « collectif ». « La première rencontre avec un match nul, a été frustrante, a-t-elle soupiré après avoir été remplaçante contre l’Argentine. Nous avons beaucoup réfléchi, nous avons analysé ce match pour pouvoir nous développer, assumer notre responsabilité et pour jouer en tant qu’entité. Il fallait ressouder l’équipe pour pouvoir obtenir le résultat escompté aujourd’hui. »

« Mana a bien tenu son rôle face à l’Écosse mais je n’ai rien à ajouter à son sujet », a déclaré la sélectionneuse japonaise Asako Takakura, soucieuse de ne pas trop exposer sa buteuse de 26 ans.

Eternelle « promesse » du football japonais

La prudence de la patronne des Nadeshiko est d’autant plus compréhensible que Mana Iwabuchi n’a jamais complètement justifié son statut de « promesse » du football nippon depuis ses débuts au sein de l’élite nationale, à 14 ans.

Dotée d’une technique et d’une vision du jeu au-dessus de la moyenne, l’attaquante est l’une des dernières rescapées de la campagne victorieuse du Mondial 2011, en Allemagne, et a terminé sur la deuxième marche, quatre ans plus tard, au Canada. Mais elle conserve des souvenirs contrastés de ces deux épopées dans la mesure où elle n’a disputé que des bouts de matchs.

Après avoir débuté au Nippon TV Beleza et explosé lors du Mondial des moins de 17 ans, en 2008, la joueuse est partie exercer son métier en Allemagne, à Hoffenheim (2012-2014), puis au Bayern Munich (2014-2017). En raison de blessures à répétition, son exil s’est résumé à de longs séjours à l’infirmerie. Par ailleurs, l’attaquante n’a jamais pu se plier à la discipline tactique en vigueur au sein du club bavarois.

Cadre respectée

En 2017, elle décide de faire une croix sur le football européen, retourne au pays et paraphe un contrat à l’INAC Kobe Leonessa, où elle retrouve des couleurs. En attestent ses bonnes performances lors du triomphe de sa sélection, en 2018, en Coupe d’Asie. Elle est d’ailleurs désignée meilleure joueuse du tournoi.

A l’instar de la capitaine Saki Kumagai ou de la défenseuse gauche Aya Sameshima, Mana Iwabuchi fait figure de cadre respectée en France, où elle dispute sa troisième phase finale de Coupe du monde. Médaillée d’argent aux Jeux olympiques de 2012, à Londres, la joueuse n’a guère été en réussite contre l’Angleterre (défaite 2-0), mercredi 19 juin, à Nice. Son tandem formé avec la jeune (19 ans) Jun Endo a clairement manqué de réalisme à l’Allianz Riviera.

« Je ne suis satisfaite de rien, à part d’être qualifiée », a tempêté la sélectionneuse Asako Takakura après le revers contre les Three Lionesses. Experte dans l’art de rebondir, Mana Iwabuchi veut éviter pareille déconvenue face aux Néerlandaises, à Rennes. Car une élimination en huitièmes de finale scellerait la fin d’un cycle pour le Japon.

Lire aussi tout ce qu’il faut savoir sur : l’équipe du Japon