Le navire humanitaire « Sea-Watch 3 » au port de Catane, en Italie, le 31 janvier 2019. / Antonio Parrinello / REUTERS

La tension monte autour du navire humanitaire Sea-Watch, bloqué au large de l’île de Lampedusa (Italie) depuis treize jours avec quarante-deux migrants à bord. Mardi 25 juin, la capitaine du bateau, Carola Rackete, a menacé les autorités de forcer le blocus italien. « Je vais entrer dans les eaux italiennes et les porter en lieu sûr à Lampedusa », a-t-elle déclaré dans une interview publiée par le quotidien italien La Repubblica.

La jeune capitaine allemande de 31 ans a précisé attendre la décision de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg, qui doit se prononcer mardi après-midi sur une demande de « mesures provisoires » déposée par l’ONG allemande Sea-Watch. Carola Rackete risque des poursuites pour aide à l’immigration clandestine, ainsi que la saisie du bateau et une amende de 50 000 euros, conformément à un nouveau décret du ministre de l’intérieur, italien, Matteo Salvini (extrême droite).

« En ce qui me concerne, le Sea-Watch n’arrivera pas en Italie, il peut rester là jusqu’à Noël et le Nouvel An », a répliqué l’homme fort du gouvernement italien, qui accuse régulièrement les Pays-Bas, dont le Sea-Watch bat le pavillon. « Cela fait treize jours, ils auraient eu le temps d’aller aux Pays-Bas et de revenir », a-t-il ajouté, en accusant l’ONG de tenir les migrants « en otage » à des fins de provocation politique.

« Maintenant, basta ! »

Sur les cinquante-trois migrants secourus le 12 juin par le Sea-Watch au large de la Libye, l’Italie a accepté le débarquement de onze personnes vulnérables (enfants, femmes, malades…), a rappelé M. Salvini. « Maintenant, basta ! Quoi que nous dise Strasbourg, avec une grande sérénité, nous maintiendrons notre ligne […]. Imaginez si un pays comme l’Italie, la deuxième puissance industrielle d’Europe, se laissait dicter les règles sur l’immigration par une ONG », a-t-il insisté.

A terre, le curé de Lampedusa, où la Ligue de M. Salvini a obtenu 45 % des voix aux élections européennes de mai, campe depuis plusieurs jours sur le parvis de son église pour réclamer le débarquement des migrants, parmi lesquels se trouvent encore trois mineurs.

Des dizaines de villes allemandes se sont dites prêtes à accueillir les migrants, et l’évêque de Turin, Mgr Cesare Noviglia, a annoncé lundi que son diocèse proposait de les prendre en charge.

Dans une vidéo diffusée par l’ONG, un migrant originaire de Côte d’Ivoire a lancé un appel : « nous ne pouvons plus tenir, nous sommes comme dans une prison, parce que nous sommes privés de tout […]. Aidez-nous, pensez à nous ».

En janvier, trente-deux migrants secourus par le Sea-Watch étaient restés bloqués dix-huit jours à bord avant de pouvoir débarquer à Malte grâce à un accord de répartition entre plusieurs pays européens.

32 migrants bloqués en Méditerranée sur le bateau « Sea-Watch-3 »
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