Un membre de la garde nationale mexicaine regarde depuis Ciudad Juarez (Mexique) des migrants marcher à El Paso (Texas) après qu’ils ont illégalement traversé la frontière, le 21 juin. / JOSE LUIS GONZALEZ / REUTERS

Le Mexique a déployé près de 15 000 policiers et militaires à sa frontière avec les Etats-Unis dans le cadre de l’accord conclu avec Washington pour freiner l’immigration illégale, a annoncé lundi 24 juin le ministre de la défense, Luis Cresencio Sandoval.

« Nous avons un déploiement total, entre la garde nationale et les membres de l’armée, de près de 15 000 hommes dans le nord du pays », a-t-il dit lors d’une conférence de presse en compagnie du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

Interrogé sur la possibilité pour l’armée et la garde nationale – composée de militaires et de policiers fédéraux – non seulement d’intercepter des migrants pendant leur traversée du territoire mexicain mais aussi de les arrêter lorsqu’ils tentent de traverser la frontière avec les Etats-Unis, le ministre à répondu par l’affirmative.

« Considérant que la migration [clandestine] n’est pas un crime, mais un délit administratif, nous les arrêtons et les remettons à la disposition des autorités » migratoires, a indiqué M. Sandoval.

Le Mexique « fait le sale boulot des Etats-Unis »

Une photo prise par une journaliste de l’Agence France-Presse pendant le week-end à la frontière avec les Etats-Unis a suscité une vague de critiques contre le gouvernement. Le cliché montre deux femmes, accompagnées d’une fillette, arrêtées par des membres de la garde nationale au moment où elles s’apprêtent à franchir le Rio Bravo, qui sépare Ciudad Juarez, au Mexique, de la ville d’El Paso, aux Etats-Unis.

Si les forces de l’ordre procèdent régulièrement à des arrestations de migrants clandestins sur le territoire mexicain, il était jusque-là extrêmement rare que ces interpellations aient lieu aux abords de la frontière avec les Etats-Unis.

Le Mexique « fait le sale boulot des Etats-Unis » a critiqué devant les journalistes le prêtre Francisco Javier Calvillo, qui dirige un refuge pour migrants à Ciudad Juarez. « Ce n’est pas le boulot de l’armée (...). Cette politique est une violation fragrante des droits de l’Homme » a-t-il dénoncé.

45 jours pour démontrer l’efficacité de ses mesures

Le ministre de la défense mexicain a précisé que 6 500 hommes étaient également déployés à la frontière sud avec le Guatemala, pour empêcher le passage de milliers de migrants d’Amérique centrale qui cherchent à rejoindre les Etats-Unis, fuyant la violence et la misère dans leur pays.

Fin mai, le président américain Donald Trump avait menacé d’imposer des tarifs douaniers sur tous les produits mexicains importés aux Etats-Unis si Mexico ne freinait pas cette vague de migrants. Le 7 juin, les deux pays sont parvenus à un accord. Outre le déploiement d’hommes aux frontières du pays, Mexico s’est engagé à accélérer le retour dans leur pays des migrants, dans l’attente que soit traitée leur demande d’asile aux Etats-Unis. Un premier bilan doit être établi sous 45 jours.