Le président brésilien Jair Bolsonaro, le 24 juin. / ADRIANO MACHADO / REUTERS

Ce ne devait être qu’une pause technique, une brève escale avant que l’avion de réserve qui devançait l’appareil officiel du président brésilien, Jair Bolsonaro, reprenne sa route pour Osaka, au Japon, où est organisée la réunion du G20. Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Ce mercredi 26 juin, à Séville, en Espagne, la Garde civile découvre, lors d’un banal contrôle douanier à l’aéroport San Paul, une valise remplie de 39 kilos de cocaïne, emballés dans 37 paquets… Son propriétaire présumé, l’un des quelque vingt militaires des forces aériennes brésiliennes qui voyageaient à bord, n’avait même pas pris soin de camoufler les briques de poudre sous des vêtements.

A Séville, les autorités ont beau être habituées aux « mules » qui transportent de la drogue du Brésil, elles ne s’attendaient pas à un tel coup de filet. Encore moins parmi l’équipage d’un voyage officiel.

« BolsoNarcos »

Gêné, le leader de l’extrême droite brésilienne, ancien du bataillon de parachutistes à Rio de Janeiro, a tenté de sauver l’image de l’armée salie par une potentielle brebis galeuse. « Les formes armées représentent un contingent de près de 300 000 hommes et femmes formés selon les principes les plus intègres de l’éthique et de la morale », écrit-il sur twitter, promettant, si le cas était avéré, que le militaire serait « jugé conformément à la loi ». « C’est évident que, compte tenu de la quantité de drogue, il ne l’a pas acheté au coin de la rue, non ? Il travaillait comme mule. Une mule qualifiée, disons », a aussi confié le général Hamilton Mourao, vice président brésilien.

Dont acte ? Le sergent n’en était pas à son premier voyage présidentiel. Cette petite main présumée à la solde de barons de la drogue avait déjà accompagné le chef d’Etat à plusieurs reprises. C’est assez pour que les anti-Bolsonaro se déchaînent sur les liens qu’entretiendraient le chef d’Etat, élu sur ses gages d’honnêté, et la pègre.

Sur twitter, parmi les « mèmes » les plus populaires était une affiche du film Narcos, contant la vie de Pablo Escobar, rebaptisé « BolsoNarcos » avec pour acteur principal, Jair Bolsonaro. Accompagné du mot-clé #Aerococa, on trouvait également une fausse publicité pour la compagnie aérienne « Milicia Airlines », référence aux amitiés troublantes du sénateur Flavio Bolsonaro, fils du président, avec les milices de Rio promettant en montrant l’avion présidentiel : « Voyagez heureux avec Milicia Airlines, limite de bagage : 39 kg ».

Mercredi, le juge d’instruction de la capitale andalouse a ordonné le placement en détention préventive sans caution du sergent de 38 ans, accusé de délit contre la santé publique. L’avion de Jair Bolsonaro a, pour sa part, dévié sa route, faisant escale à Lisbonne au lieu de Séville. Le cabinet présidentiel n’a pas précisé les raisons de ce changement.