Gernot Rohr, le sélectionneur des Super Eagles du Nigeria, à Alexandrie, en Egypte, le 25 juin 2019. / GIUSEPPE CACACE / AFP

Le sélectionneur franco-allemand Gernot Rohr a permis à la sélection nigériane de redevenir l’une des meilleures équipes continentales. Depuis qu’il dirige les Super Eagles, ils se sont qualifiés pour la Coupe du monde 2018 en Russie, mais aussi pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN), alors que le pays avait été exclu des deux dernières éditions. Et, cette fois, Gernot Rohr espère maintenant mener son équipe sur le podium.

Quels sont les atouts de votre sélection ?

Notre équipe est, je pense, la plus jeune des vingt-quatre [qualifiées pour la phase finale de la CAN 2019]. Ce qui en fait un groupe enthousiaste, mais aussi technique. En terme de jeu, nous misons d’abord sur la vitesse de nos attaquants et de nos ailiers. N’oublions pas que notre équipe a le meilleur buteur de la ronde éliminatoire de la CAN, Odion Ighalo. Nous comptons sur nos ailiers pour l’alimenter avec beaucoup de ballons et aimerions évidemment le voir marquer sans modération. Le camp d’entraînement de juin m’a permis de faire des ajustements.

Le Nigeria a remporté trois fois la CAN au cours de son histoire, mais a été exclu des deux dernières éditions. Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être qualifié cette année ?

Etre qualifié est formidable. Nous sommes ravis. Mais l’idée n’est pas de s’arrêter là. Nous avons bien l’intention de faire une bonne Coupe d’Afrique. Et nous pouvons aller plus loin. Selon le classement de la FIFA, nous sommes les troisièmes sur le continent. Aussi, nous voulons une place sur le podium. C’est notre objectif.

Vous avez été sélectionneur du Gabon, du Niger et du Burkina Faso. Voyez-vous une différence à entraîner l’équipe nigériane ?

Sans aucun doute. J’ai beaucoup plus de choix de joueurs, ce qui rend mes décisions plus difficiles. Et j’ai 200 millions d’habitants qui souhaitent que l’on gagne. C’est tout un pays qui respire le football. C’est visible partout. Dans les grandes villes de Lagos, Abuja ou Kano, on sent que le football est une passion exceptionnelle. Et qui dit passion dit pression. Il faut être capable de gérer.

Justement, les médias nigérians ont beaucoup d’attentes. Comment gérez-vous cette pression ?

Nous restons humbles, les joueurs comme le staff, parce que nous savons que ça va être très compliqué. Pour moi, l’Egypte est favorite, parce que l’équipe a l’un des plus grands joueurs africains, Mohamed Salah. Ce sont eux les favoris. Nous ne voulons pas tomber dans le panneau et nous dire que nous sommes les meilleurs et que nous allons gagner. Déjà, dans notre groupe, la Guinée a une très bonne équipe, et les deux nouveaux pays présents – le Burundi et Madagascar – vont être enthousiastes d’être là. Nous sommes prudents et conscients qu’il faudra beaucoup travailler pour aller loin dans cette compétition.

En même temps, il ne faut pas mettre trop de pression sur cette équipe qui est très jeune. L’âge moyen du groupe est de 23-24 ans. Pour s’exprimer, l’équipe a besoin d’une certaine sérénité. On ne peut obliger personne à gagner, on peut seulement obliger chacun à donner le maximum.

Qu’avez-vous appris de la dernière Coupe du monde, où votre équipe n’a pas réussi à se classer pour les phases éliminatoires ?

La Coupe du monde en Russie nous a donné une expérience qui nous sert ici. Nous avons appris à mieux gérer nos fins de matchs et à être plus vigilants sur les coups de pied arrêtés. Nous sommes aussi plus efficaces offensivement et défensivement. Finalement, je pense que le fait d’avoir joué contre de grandes équipes comme l’Argentine nous a aidés. Je crois qu’il reste toujours quelque chose de ce genre de matchs, que les joueurs retiennent et qui leur sert pour la suite.

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