Mercredi 25 juin, le thermomètre a frôlé les 40 ºC à Hostun dans la Drôme. Le début d’un pic de canicule qui devrait encore durer deux jours. Une réalité météorologique qui touche une bonne partie de la France et met les agriculteurs sous tension. « La surveillance est renforcée », explique d’emblée Philippe Juven, éleveur de poules pondeuses dans cette commune drômoise. Il a été épargné par le terrible épisode de grêle de la mi-juin et est maintenant sur le pied de guerre avec la canicule.

Dans un de ses deux bâtiments d’élevage de poules en cage, les brumisateurs se sont mis en route. « On gagne 4 à 5 ºC », explique M. Juven. Dans l’autre bâtiment, récemment rénové, un « pad cooling », plus performant, entre en action pour refroidir l’atmosphère. Il s’agit, en fait, d’un système de circulation d’eau par gravité dans des panneaux refroidissants en cellulose.

M. Juven surveille aussi l’alimentation et la boisson des volatiles. Il explique :

« En période de canicule, les poules boivent de 10 % à 20 % de plus. Il faut qu’elles aient de l’eau à volonté et nous purgeons les conduits pour qu’elle soit fraîche. Elles ont tendance à moins manger, donc nous faisons tourner la chaîne tôt le matin. »

Autre conséquence de la chaleur, ses 100 000 poules pondent moins. « Il y a une baisse de production de 5 % à 10 % », estime-t-il.

Surmortalité accrue

Vu la densité – une douzaine de gallinacées au mètre carré – les élevages de volailles sont très sensibles aux fortes chaleurs. « Pour les animaux qui sont en bâtiment de type volaille, il y a des risques de suffocation ou d’étouffement et, donc, des pertes plus importantes », explique Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole FNSEA. « Lors de la canicule de 2003, il y avait eu une très forte mortalité d’animaux », rappelle-t-elle. « La surmortalité peut être de 5 % à 6 % les premiers jours dans les bâtiments anciens », souligne Philippe Juven. Plus globalement, Mme Lambert explique que les hausses de température rendent les animaux plus nerveux et peuvent provoquer des détresses respiratoires.

Depuis que le thermomètre a atteint 34 ºC mercredi, André Bonnard, polyculteur éleveur à Doizieux, dans la Loire, a opté pour le pâturage nocturne. Il relate :

« Les vaches vont dans les prés, après la traite, vers 18 h 30, et pâturent jusqu’à 22 heures. Elles passent la nuit dans les champs et se lèvent tôt pour pâturer à nouveau. La journée, elles restent à l’abri dans un bâtiment ventilé. »

La vigilance est accrue.

M. Bonnard surveille également ses réserves de fourrage et ses cultures après un début d’année chaotique. « Le printemps a été extrêmement froid et nous n’avons pas récolté beaucoup d’herbe en mai. Nous nous sommes rattrapés en juin, la deuxième coupe a été plutôt bonne. Nous avons eu beaucoup de pluie sans être touchés par la grêle. Le coup de chaud actuel est très bon pour le foin, mais il ne faut pas qu’il dure, sinon les cultures de maïs et de céréales vont souffrir », témoigne-t-il.