La vice-première ministre et ministre croate des affaires étrangères, Marija Pejcinovic Buric, a été élue mercredi 26 juin par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour en devenir la secrétaire générale. Cette démocrate-chrétienne de 56 ans, membre du HDZ (Union démocratique croate), succédera le 18 septembre à la tête de cette organisation vieille de 70 ans au social-démocrate norvégien Thorbjorn Jagland, pour un mandat de cinq ans.

Marija Pejcinovic Buric a obtenu 159 voix contre 105 pour l’autre candidat, le vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders. Deuxième femme à occuper cette fonction depuis la Française Catherine Lalumière en 1989, Marija Pejcinovic Buric rejoindra une autre femme originaire des Balkans, puisque la Bosnienne Dunja Mijatovic est devenue en 2018 commissaire aux droits de l’homme.

Le Conseil de l’Europe, installé à Strasbourg, a été fondé en 1949 à l’initiative de Winston Churchill pour surmonter les affres de la seconde guerre mondiale, pour promouvoir la démocratie, l’Etat de droit et les droits de l’homme sur le continent. Quarante-sept Etats en sont membres de cette organisation qui a été mise à mal par une longue crise avec la Russie. Le secrétaire général est officiellement « responsable de la planification stratégique, de l’orientation du programme d’activités et du budget du Conseil de l’Europe », qui s’élève à 437 millions d’euros en 2019.

Dettes russes

La question du budget sera particulièrement délicate pour celle qui va succéder à M. Jagland, qui a préparé un « plan de contingence » avec à la clef réduction d’activités et d’effectifs. L’application de ce plan, dans toutes les têtes des 2 200 employés de l’organisation depuis des mois, va dépendre de la volonté ou non de la Russie de régler ses dettes, qui s’élèvent actuellement à environ 75 millions d’euros, intérêts compris.

En réaction à la suspension des droits de vote de sa délégation en 2014 par l’APCE pour sanctionner l’annexion de la Crimée, Moscou a choisi en 2017 de ne plus verser sa participation annuelle de 33 millions d’euros, correspondant à presque 8 % du budget du Conseil de l’Europe. Cette crise institutionnelle a duré cinq années et Moscou menaçait de quitter l’organisation si ses parlementaires ne pouvaient pas voter à l’élection du secrétaire général.

Pour éviter d’en arriver là et que les citoyens russes ne soient privés de l’accès à la Cour européenne des droits de l’homme, bras juridique du Conseil de l’Europe, l’APCE a adopté dans la nuit de lundi à mardi de nouvelles règles permettant un retour de la délégation russe dans l’hémicycle.