C’était attendu : la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) estime que l’homéopathie ne doit plus être remboursée par la Sécurité sociale, car son efficacité n’est pas prouvée. Adopté mercredi par la HAS, et révélé par Libération, cet avis définitif ne doit être rendu public que vendredi par l’organisme.

Selon Libération, la « commission de la transparence de la Haute Autorité de santé a voté ce mercredi à la très grande majorité (une seule voix contre) le déremboursement des produits homéopathiques ». L’avis doit être communiqué aux pouvoirs publics et aux trois laboratoires qui fabriquent des produits homéopathiques : le français Boiron, leader mondial, le suisse Weleda et l’allemand Lehning.

Agnès Buzyn suivra l’avis de la commission de la transparence

Cette conclusion très attendue, qui confirme un avis provisoire rendu mi-mai, marque la fin du processus d’évaluation scientifique de l’homéopathie. En revanche, elle ne marque pas celle du débat sur son déremboursement, puisqu’il revient maintenant au gouvernement de prendre la décision. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a affirmé à plusieurs reprises qu’elle suivrait l’avis de la commission de la transparence de la HAS.

Certains médicaments sont remboursés à 30 % par la Sécurité sociale à la faveur d’un régime dérogatoire, leur efficacité n’ayant pas été évaluée scientifiquement jusqu’à présent. L’an dernier, le remboursement de l’homéopathie a représenté 126,8 millions d’euros sur un total d’environ 20 milliards pour l’ensemble des médicaments remboursés, selon l’Assurance-maladie.

Mais au-delà des arguments scientifiques, les partisans de l’homéopathie veulent déplacer le débat sur le terrain politique en tentant de mobiliser leurs troupes. Labos, homéopathes et usagers ont lancé une campagne médiatique soutenue par des élus, « Mon homéo, mon choix », avec une pétition qui revendique pour l’heure plus d’un million de signatures. Ils ont appelé à des manifestations, à Paris sur l’esplanade des Invalides et à Lyon place de la Comédie, vendredi à 10 h 30, en marge de la publication de l’avis de la HAS. Celle-ci avait été saisie par Mme Buzyn en août 2018, pour évaluer le bien-fondé du remboursement de l’homéopathie.

Menaces sur l’activité des laboratoires

Un déremboursement serait un coup dur pour Boiron, Weleda et Lehning. Boiron réalise 60 % de ses ventes en France sur des produits homéopathiques remboursables, soit 215 millions d’euros. Sur ce total, les produits dont les patients demandent effectivement le remboursement à l’Assurance-maladie rapportent 150 à 160 millions d’euros au labo.

En cas de déremboursement, le groupe lyonnais anticipe une baisse de 50 % des ventes sur ses produits remboursables la première année, puis de nouveau 50 % la deuxième. Les labos assurent que cela menacerait 1 000 emplois chez Boiron en France (sur près de 2 500) et 300 chez Weleda et Lehning.