Une vingtaine d’associations, dont la Cimade, Médecins du monde et Amnesty International, ont dénoncé, mercredi 26 juin, la « politique punitive » du gouvernement envers les étrangers détenus dans les centres de rétention administrative (CRA).

« Des hommes et des femmes s’automutilent ou tentent de se suicider dans les CRA », lancent en préambule ces associations, dans une lettre envoyée au ministre de l’intérieur. Elles assurent que « deux hommes se sont donné la mort dans ces lieux », évoquant aussi des grèves de la faim, des émeutes ou des tentatives d’incendie.

Ces actes sont, selon elles, « le résultat d’une politique inacceptable qui a conduit à une situation extrêmement alarmante », le gouvernement « banalisant la privation de liberté des personnes étrangères » de façon « inédite ».

Or, « les statistiques sont formelles : enfermer plus longtemps ne permet pas d’expulser plus », expliquent les signataires, pour lesquels cette politique « punitive » maintient « fréquemment » des personnes enfermées alors qu’il n’existe « aucune perspective d’exécuter la mesure d’éloignement qui les frappe ».

« Détérioration des droits »

La lettre souligne aussi que « la prise en charge des troubles psychiques ne peut être assurée dans ces lieux qui, au contraire, les aggravent ». « Des personnes malades sont ainsi enfermées dans des chambres de mise à l’écart », dénoncent les associations qui interviennent dans les CRA.

Selon elles, des personnes bipolaires, schizophrènes, paranoïaques, dépressives, mutiques, prises de crise de délire ou d’angoisse sont enfermées « alors que leurs pathologies sont parfaitement identifiées en amont ».

Les associations demandent au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, de faire cesser cette « politique de tout enfermement », de proscrire « tout enfermement d’enfants en rétention », de protéger « les personnes malades » et de « mettre un terme aux pratiques illégales de l’administration ».

L’enfermement des mineurs dans des CRA doit rester « exceptionnel » et se dérouler « dans des lieux spécialisés » pour accueillir l’ensemble de la famille, a estimé mardi M. Castaner. La rétention des mineurs avait créé des tensions jusque dans la majorité lors de l’examen du controversé projet de loi asile-immigration en 2018.

Début juin, la Cimade et d’autres associations ont publié un rapport qui soulignait « une détérioration des droits » des étrangers enfermés dans l’attente de leur éventuelle expulsion.

Selon le document, l’année 2018 « a été à nouveau marquée par un nombre élevé de familles avec enfants enfermées en rétention » : 1 221 mineurs à Mayotte et 114 familles comptant 208 enfants en métropole.

Au total, 45 851 personnes ont été placées en rétention l’an dernier – dont 26 614 en métropole –, contre 46 800 en 2017, soulignent ces associations, qui dénoncent un « usage quasi systématique de la rétention par de nombreuses préfectures ».