Mounir Mahjoubi, candidat à l’investiture La République en marche (LRM) pour la mairie de Paris et qui propose de déployer 240 drones pour lutter contre la délinquance, n’avait sans doute pas anticipé pareille réaction. La préfecture de police de Paris non plus, confrontée depuis quelque temps à l’agressivité des goélands à l’égard des caméras volantes déployées par les forces de l’ordre. Pour l’heure, aucun des quinze multicoptères utilisés par la préfecture de police (PP) n’a été inscrit au tableau de chasse des volatiles mais, dévoile Le Parisien mardi 25 juin, ses télépilotes ont dû procéder à quelques replis stratégiques et atterrissages d’urgence pour échapper à la vindicte des goélands parisiens. Les derniers incidents – il y en aurait eu une dizaine et ils pourraient aussi impliquer d’autres espèces, comme les corneilles – remontent à la dernière manifestation des « gilets jaunes » samedi, lorsque le drone qui survolait le cortège s’est retrouvé pris en chasse.

Ce genre de situation n’a, en vérité, rien d’exceptionnel. Tous les utilisateurs de drones ont un jour ou l’autre constaté l’intérêt des rapaces qui viennent régulièrement tournoyer au-dessus de leur appareil pris pour un rival venu s’aventurer sur leur territoire. Il n’est pas rare que mouettes et goélands attaquent franchement un drone qui se serait approché trop près de leur nid, en particulier lors de la période de nidification, en mai-juin. Déséquilibré par un oiseau, l’objet peut se crasher. Face à des rapaces de belle dimension ou d’oiseaux marins aussi imposants qu’un goéland (qui peut atteindre une envergure de 1,60 m et peser jusqu’à 1,5 kg), les quadricoptères utilisés par la PP, dont le poids ne dépasse pas le kilo, voire beaucoup moins, n’en mènent pas large.

Des aigles utilisés par l’armée de l’air

Les rapports entre drones et oiseaux sont par nature conflictuels. Certaines villes, comme Nice ou Deauville, mettent des drones à contribution pour déverser sur les nids de mouettes et goélands du liquide qui empêche les œufs d’éclore. A Ostende, en Belgique, ils vont être utilisés pour repérer les lieux où nichent ces oiseaux, notamment les toits d’immeubles, avant d’envoyer des équipes pour les neutraliser. A l’inverse, l’armée de l’air a expérimenté – sans que cela soit aucunement concluant – des aigles dressés pour intercepter des appareils non identifiés.

La PP, visiblement tracassée par le harcèlement dont sont victimes ses caméras volantes, envisagerait dorénavant de les faire voler équipées de haut-parleurs diffusant le cri de prédateurs. La préfecture semble tout aussi, si ce n’est davantage, préoccupée par la mise en évidence de l’usage visiblement soutenu qu’elle fait de ces engins volants. Pas seulement pour la surveillance des manifestations mais pour d’autres tâches sur lesquelles elle reste très discrète. Or, si le fait de faire voler un drone est réglementé avec une grande rigueur pour les particuliers ou les professionnels, il est défini avec beaucoup moins de précision lorsqu’il s’agit des forces de l’ordre. En principe, celles-ci ne doivent pas survoler les populations ; une contrainte pas vraiment respectée dans les faits.