Trois candidats de l’opposition Mohamed Ould Boubacar (centre), Biram Ould Dah Ould Abeid (droite) et Mohamed Ould Mouloud (gauche) lors d’une conférence de presse à Nouakchott, le 23 juin. / SIA KAMBOU / AFP

Une centaine d’« d’étrangers » ont été arrêtés en Mauritanie lors des manifestations qui ont éclaté après l’annonce de la victoire du candidat du pouvoir à la présidentielle de samedi, a annoncé mardi 25 juin le ministre de l’intérieur. Par ailleurs, Internet était entièrement coupé dans le pays depuis le milieu de l’après-midi.

Les ambassadeurs du Sénégal, du Mali et de la Gambie ont été convoqués dans l’après-midi par le ministre des affaires étrangères, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. Ce dernier les a enjoints de demander à leurs ressortissants de « s’abstenir de participer aux manifestations et à tout ce qui perturbe l’ordre public en Mauritanie », a-t-il expliqué sur la télévision nationale.

Trois des opposants ont introduit, ce mardi, un recours en annulation du scrutin devant le Conseil constitutionnel. Le quatrième, Baba Hamidou Kane, a affirmé n’avoir pas encore pris de décision, expliquant à l’Agence France-Presse (AFP) « douter de l’intérêt d’une telle procédure devant une institution inféodée au pouvoir ».

Le siège de campagne de M. Kane a été fermé par la police lundi et celui des trois autres candidats de l’opposition mardi, « sur ordre du gouvernement », a précisé leur entourage à l’AFP. « On ne peut comprendre cette décision des autorités alors que des recours sont en cours et que l’élection n’est pas terminée », a réagi l’un d’eux, Mohamed Ould Mouloud.

« Une main étrangère »

« Il y a une main étrangère qui est derrière ces événements », a affirmé le ministre de l’intérieur, Ahmedou Ould Abdallah, à propos de ces contestations, évoquant un « plan de déstabilisation » du pays.

« Nous avons arrêté une centaine d’étrangers dont on ne peut expliquer la présence dans la contestation d’une élection dans un pays qui n’est pas le leur », a-t-il ajouté. Il a, ensuite, affirmé que cette présence étrangère était « en relation avec certains candidats ».

L’un des candidats de l’opposition, Biram Ould Dah Ould Abeid, avait demandé lundi aux Mauritaniens de se « méfier des provocations des autorités », jugeant que le pouvoir avait l’habitude d’invoquer les risques de sédition « à chaque fois qu’il est en difficulté ».

Interrogé par des journalistes sur les coupures d’Internet, le ministre de l’intérieur a semblé ironiser : « Vous n’avez pas d’autres moyens pour travailler ? », a-t-il répondu, sourire aux lèvres.

La France, elle, a salué mardi « le bon déroulement de l’élection présidentielle », intervenue « dans un climat pacifique », et « félicité » M. Ghazouani.