Sandrine Gruda et ses partenaires débutent l’Euro jeudi. / JAVIER SORIANO / AFP

Elles avaient affiché la couleur et clamé leurs espoirs de podium. Las, il y a moins d’un an, l’équipe de France féminine de basket avait fait naufrage, s’échouant sur les plages de Tenerife après s’être abîmée contre la Belgique en quarts de finale du Mondial. A l’heure d’entamer l’Euro 2019, jeudi 27 juin, les coéquipières de Marine Johannès font profil bas.

« Il y a moins de certitudes, constate la sélectionneuse Valérie Garnier. Notamment sur l’aptitude des nouvelles à répondre présent en compétition. » Abonnée au podium des cinq dernières compétitions européennes – titre en 2009, finale en 2017, en 2015 et en 2013, et troisième place en 2011 –, la France est une nouvelle fois attendue dans le dernier carré. Pourtant, les Bleues ont rarement attaqué une compétition avec autant d’inconnues.

C’est à Riga, ville où elles ont été sacrées à la surprise générale en 2009, que les Françaises débutent la phase de groupe de la compétition, jeudi, face à une équipe de République tchèque diminuée, en attendant les matchs face au Monténégro et à la Suède, qui complètent le groupe.

Absence de trois cadres en défense

Avec un groupe largement renouvelé et rajeuni – cinq des douze joueuses retenues effectueront leurs grands débuts en compétition internationale –, les joueuses avancent masquées. « On est concentrées sur les détails, mais c’est très compliqué d’annoncer un objectif », relate Sandrine Gruda.

Mais du côté de la Fédération française de basket (FFBB), le discours diffère. « Je le fais rarement, mais je suis passé dans le vestiaire, et leur ai tenu un discours un peu sérieux », euphémise le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat. Une façon pour le patron du basket français de remobiliser les troupes avant la compétition. « Dès le lendemain de la Coupe du monde, je leur ai fixé une ambition haute », insiste-t-il, confiant dans les moyens de l’équipe de France. « La mission, c’est de faire un podium, voire la médaille d’or. » « Il ne nous a pas laissé le choix », complète la capitaine Endy Miyem en souriant. Toujours placées, mais jamais titrées ces dernières années, la capitaine et ses coéquipières viseront donc officiellement le titre européen.

Pour transformer l’argent des trois derniers Euro en or, l’alchimiste Valérie Garnier va devoir composer sans plusieurs de ses cadres, notamment Helena Ciak, Diandra Tchatchouang ou Sarah Michel. Indépendamment des objectifs fixés par la Fédération, elle aspire à une « maîtrise » de ses joueuses.

Remerciée mercredi par le club turc de Fenerbahçe, la coach française doit trouver l’équilibre entre une attaque souvent flamboyante – « ce jeu rapide qui fait notre force » – et une défense parfois défaillante. « On doit contrôler notre défense, bien mieux qu’on ne l’a fait sur la dernière compétition », assène-t-elle. Une équation ardue, d’autant que les absentes sont des « joueuses à caractère défensif ».

Inculquer la dureté aux « belles joueuses de basket »

« En équipe de France, la clé, c’est de ne rien lâcher », souffle Endy Miyem, qui vient de franchir le cap des 200 sélections. Avec Sandrine Gruda, c’est sur ses épaules que repose le soin « d’inculquer la philosophie de l’équipe de France aux jeunes qui arrivent ». « Pour remplir nos objectifs, il faudra être des battantes, et c’est peut-être là qu’on a pêché au Mondial. On est des belles joueuses de basket, mais parfois, il faut qu’on arrive à être plus dures. »

En attaque, l’arrivée de la meneuse Bria Hartley devrait apporter un plus indéniable. Américaine au passeport français grâce à sa grand-mère, une Alsacienne qui a épousé et suivi un soldat américain, la joueuse est un grand nom du basket mondial, et s’est intégrée sans peine au collectif. Son association avec l’arrière Marine Johannès a peu d’équivalents en Europe. « Elle apporte une mentalité à l’américaine, très offensive et qui ne se pose pas de questions », salue Endy Miyem. Lors du dernier match de préparation, face à la Chine, Hartley a ainsi offert la victoire en dégainant un shoot au buzzer. « On a vu que l’on pouvait marquer des points, nuance Valérie Garnier. Maintenant il faut être plus efficaces. »

Dans une compétition très ouverte où la Serbie, pays co-organisateur, la Russie, la Belgique et l’Espagne semblent sortir du lot, les Françaises gardent en tête une échéance future. Les six meilleures équipes gagneront le droit de disputer un tournoi de qualification olympique (TQO), qui délivrera trois sésames pour les Jeux olympiques de Tokyo. « C’est l’objectif principal, conclut Valérie Garnier. Mais c’est le cas pour toutes les équipes. »

Autre équation à résoudre pour l’entraîneuse française, parvenir à obtenir des résultats immédiats tout en préparant l’avenir. « C’est ma mission », insiste-t-elle, comme pour expliquer l’appel des très jeunes pousses, Marine Fauthoux et Iliana Rupert, respectivement 18 et 17 ans et toutes deux estampillées « Paris 2024 ». A l’instar de ces pépites, brillantes dans les compétitions de jeunes, l’équipe de France recèle un important potentiel. Mais nul ne sait – et surtout pas elles – si elles pourront l’exploiter à l’Euro.

France-République tchèque, 14 h 30, sur Canal+ Sport.