Bain de soleil devant la pyramide du Louvre lors de la canicule à Paris, le 26 juin 2019. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le mercure va encore monter jeudi 27 juin en France, où des records de chaleur sont attendus en cette fin de semaine, accompagnés d’un pic de pollution à l’ozone. Dans la matinée, la vigilance orange couvfait toujours 78 départements, un nombre record. Toute la France métropolitaine est concernée, à l’exception des côtes de la Manche et de quelques zones du Sud-Ouest.

Cette phase sans précédent par son intensité et sa précocité – et ce depuis 1947 et l’établissement de relevés détaillés – ravive le souvenir de la canicule d’août 2003, qui avait généré une surmortalité de 15 000 personnes en plus de quinze jours (plus de 70 000 en Europe).

  • Jeudi, jour le plus chaud au niveau national

A l’échelle du pays, la journée de jeudi pourrait être la plus chaude de cette canicule exceptionnelle par son intensité et sa précocité, mais appelée à se répéter à l’avenir avec le réchauffement planétaire. « Dans l’après-midi, on atteindra 38 à 41 degrés sur les régions au sud de la Loire, 33 à 37 degrés plus au nord sur les départements en vigilance orange et un peu moins sur les côtes méditerranéennes », souligne Météo-France.

Pour vendredi, des « températures exceptionnelles » sont annoncées en basse vallée du Rhône, de 42 et 44 °C. On pourrait ainsi « battre localement le record national », estime Météo-France, record qui remonte au 12 août 2003 avec 44,1 °C enregistrés à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard. Samedi, c’est la région parisienne qui vivra sa journée la plus chaude (entre 38 et 40 °C).

La baisse des températures s’amorcera vendredi après-midi sur le littoral atlantique pour gagner dimanche, l’ouest et le nord-ouest du pays. « Il faudra attendre au minimum jusqu’à mardi pour voir l’ensemble du pays retrouver des températures moins élevées, mais qui devraient rester au-dessus des normales de saison », a mis en garde Météo-France.

Mercredi, la moyenne des températures maximales relevées en France (34,9 °C) a déjà établi un record pour un mois de juin, précise l’organisme. La barre des 40 °C a été franchie pour la première fois localement, avec 41,1 °C à Montclus (Gard), 40,6 °C à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône), 40 °C à Apt (Vaucluse) et 40,9 °C à Clermont-Ferrand, qui bat son record absolu de température.

  • Un appel renouvelé des autorités à la vigilance

Face au pic attendu en cette fin de semaine, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a renouvelé les consignes « vis-à-vis de tous les publics » afin d’« éviter des morts ou des malaises, des passages aux urgences inutiles ».

Après quatre jours de canicule sur la majeure partie du pays, « nous voyons augmenter le nombre d’appels au SAMU [et] à SOS Médecins, le nombre de passages aux urgences », a indiqué jeudi matin la ministre sur France 2. « Les organismes commencent à souffrir de l’accumulation des jours de chaleur », a-t-elle expliqué, disant son « inquiétude » d’assister à « un afflux de personnes aux urgences […] dans la semaine qui vient ».

La ministre a aussi appelé ceux qui sont « dans le déni de cette chaleur extrême » d’éviter des « comportements à risque », comme « faire du jogging entre midi et 2 heures » ou « laisser les enfants dans la voiture pour une course rapide ».

« On s’attend à un impact sanitaire significatif qui sera potentiellement décalé », a souligné mercredi soir Jérôme Salomon, directeur général de la santé.

  • Circulation différenciée, écoles fermées… comment la France s’organise

Sur une partie du pays, de l’Ile-de-France au Grand-Est et à Rhône-Alpes, cette canicule s’accompagne d’une pollution à l’ozone, irritante pour les poumons. Cette conséquence classique des vagues de chaleur – l’ozone se formant par réactions chimiques sous l’effet du soleil – a entraîné la mise en place de la circulation différenciée mercredi à Paris, Lyon et Annecy. Jeudi, ces restrictions seront reconduites dans la capitale et à Lyon, et commenceront à Marseille, pour la première fois, et à Strasbourg.

La situation est difficile pour les enfants, qui ne sont pas encore en vacances. Lundi, le gouvernement avait annoncé le report au début de la semaine prochaine des épreuves du brevet des collèges, prévues à l’origine pour ce jeudi et ce vendredi. Des communes ont décidé de fermer les écoles primaires, d’autres demandent aux parents qui le peuvent de garder les enfants à la maison.

Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a annoncé jeudi l’interdiction pour « quelques jours » du transport d’animaux, « y compris les animaux à l’export, parce qu’on ne peut pas laisser les animaux dans des camions, dans des trains », a-t-il déclaré sur BFMTV. Concernant la sécheresse dont sont victimes les éleveurs, le ministre a indiqué réfléchir à « donner l’autorisation à l’ensemble des agriculteurs de faucher les jachères, de leur permettre de faire du stockage de luzerne, du fauchage de foin », pour éviter une flambée des prix du fourrage. « L’année dernière, à cause de cette chaleur terrible, il y a des éleveurs qui n’avaient plus du tout de stocks », a-t-il rappelé.

Partout, du monde agricole aux chantiers, on s’organise, y compris pour les spectateurs et équipes du Mondial de foot féminin : messages de prudence aux premiers, boissons spéciales pour les secondes, alors que débutent les quarts de finale de la compétition. La SNCF a annoncé un ralentissement de la circulation sur certaines lignes. Face à la canicule, le groupe Accor, qui exploite près de 1 700 hôtels en France, a annoncé mercredi soir qu’il allait ouvrir les espaces climatisés ou « rafraîchis » de ses établissements aux personnes âgées « en situation de fragilité ». Ils seront rendus accessibles à partir de jeudi, de 9 heures à 19 heures, jusqu’au samedi 29 juin inclus.

La vague de chaleur est appelée à se répéter, ce qui va obliger la société à s’adapter, a estimé pour sa part le président Emmanuel Macron jeudi en déplacement à Tokyo : « Nous allons devoir changer notre organisation, notre façon de travailler, […] construire différemment. »