Des migrants dans un camp de fortune pour migrants et réfugiés, installé le long du périphérique de la porte d’Aubervilliers, dans le nord de Paris, le 15 mai 2019. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Plusieurs campements situés en bordure du périphérique dans le nord de Paris, au niveau de la porte d’Aubervilliers (19e arrondissement), ont été démantelés, jeudi 27 juin au petit matin, et plus de 200 migrants, dont plusieurs dizaines de familles avec enfants, ont été évacués.

Les hommes seuls devaient être acheminés vers des centres d’accueil et d’examen de la situation (CAES) d’Ile-de-France et les familles vers des centres d’accueil de jour à Paris, en attendant une solution d’hébergement. Au moins 200 autres migrants ont quitté les lieux d’eux-mêmes, sans embarquer dans un des six bus affrétés par les autorités, et attendaient non loin que les services de propreté de la ville de Paris terminent leur travail de nettoyage.

« Certains vont revenir dès ce soir. Ils ont l’habitude, ils rangent leurs affaires calmement, plient leurs tentes pour revenir plus tard. C’est bis repetita. Dans trois jours, 70 % du campement sera rempli, donc la moitié des migrants a préféré ne pas prendre les bus », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Yann Manzi, cofondateur de l’association d’aide aux migrants Utopia 56.

« Un logement pour tous, c’est bien, mais nous demandons déjà des campements dignes, aux normes HCR [Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU] avec des toilettes, de l’eau, l’accès aux médecins, de la nourriture », a-t-il ajouté.

« Cycle infernal »

Dans un manifeste publié ce jeudi, plus de cinquante associations alertent sur l’augmentation du nombre de personnes « vivant en squat, en bidonville ou en campement dans des conditions sanitaires et sociales indignes ».

Le texte déplore le « manque de volonté politique et de moyens pour respecter le principe d’accueil inconditionnel » de la part du gouvernement. Les migrants, « victimes de discrimination », font face actuellement à un « durcissement » et à une « dégradation » des « conditions d’accès à l’hébergement et à l’accompagnement », une politique visant à « décourager la demande d’asile », écrivent ces associations, parmi lesquelles Médecins du monde, Amnesty International France, la Cimade, Emmaüs Solidarité ou France Terre d’asile.

Elles estiment que « moins d’une personne sur deux est aujourd’hui hébergée dans le dispositif national d’accueil » (DNA), « malgré l’obligation d’hébergement et d’accompagnement des demandeurs d’asile ». Par ailleurs, les signataires rappellent que des personnes ayant obtenu l’asile et vivant dans des centres d’hébergement sont parfois remises à la rue sans solution de relogement, à la demande de l’Etat et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), « un cycle infernal aboutissant à plus de personnes à la rue », selon elles.

Environ un millier de migrants ont été évacués depuis avril de divers campements situés dans le nord de Paris lors d’opérations similaires, qui se reconstituent inexorablement.

Images de l’évacuation du camp de migrants du Millénaire, à Paris
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