Dans certains Etats membres les agriculteurs n’ont cessé de protester ces derniers mois contre l’accord. / EMMANUEL FOUDROT / REUTERS

Après vingt ans de négociations, l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont entendus, vendredi 28 juin, sur un vaste accord commercial. Les négociations entre les deux blocs ont débuté en 2000 et il a fallu pas moins de 39 cycles de négociation pour parvenir à cet accord provisoire.

Les négociateurs européens et sud-américains étaient entrés mercredi soir à Bruxelles dans la toute dernière ligne droite des discussions, avec l’objectif de s’entendre enfin sur cet accord, dans un contexte mondial déstabilisé par la politique commerciale offensive du président américain, Donald Trump, et au moment où les dirigeants des plus puissantes économies du monde sont réunis à Osaka, au Japon, pour un sommet du G20.

La conclusion des négociations a été confirmée par le Brésil et l’Argentine, les deux principaux membres du Mercosur auquel appartiennent aussi le Paraguay et l’Uruguay. Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a évoqué sur son compte Twitter un « accord historique » pour son pays. Dans un communiqué, son gouvernement précise que l’accord prévoit d’éliminer les droits de douane pour plusieurs produits agricoles.

L’accord, un des plus vastes jamais conclu par l’UE avec plus de 770 millions de consommateurs concernés et 18 000 milliards d’euros de PIB, suscite cependant la profonde inquiétude des agriculteurs européens, qui craignent une concurrence jugée déloyale, ainsi que des organisations non gouvernementales, préoccupées par les conséquences pour le climat. L’UE et le Mercosur ont échangé en 2018 pour près de 88 milliards d’euros de marchandises.

Les Européens attendaient des avancées du côté du Mercosur en matière d’indications géographiques protégées et surtout sur l’ouverture de leur secteur automobile. A l’inverse, les Sud-Américains espéraient un plus grand accès au marché européen pour leur production agricole, en particulier leur bœuf.

Inquiétude des agriculteurs et d’ONG européennes

Dans certains Etats de l’UE les agriculteurs n’ont cessé de protester ces derniers mois contre l’accord. La semaine passée, le président français, Emmanuel Macron, et ses homologues irlandais, polonais et belge ont d’ailleurs exprimé auprès de la Commission leur « profonde préoccupation » quant aux conséquences de cet accord sur leur agriculture.

Quelques jours plus tard, un autre groupe de pays – Allemagne, Pays-Bas, Espagne, République tchèque, Portugal, Lettonie et Suède – ont exhorté Bruxelles à conclure cet « accord historique ».

L’accord a aussi été attaqué récemment dans une lettre ouverte par 340 ONG européennes et sud-américaines, dont Greenpeace ou Friends of the Earth, sur deux autres fronts : l’environnement et les droits de l’homme.

Les organisations non gouvernementales condamnent « la détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil » depuis l’investiture en janvier du président d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Le compromis négocié par la Commission doit maintenant être approuvé par les 28 Etats membres. Si tel est le cas, le texte devra ensuite être validé par le Parlement européen.