Griedge Mbock (au centre) et Kadidiatou Diani (à gauche), face à la Corée du Sud au Parc des Princes à Paris, le 7 juillet. / Lucy Nicholson / REUTERS

Jusqu’à preuve du contraire, et au moins jusqu’au possible heureux dénouement d’une finale le 7 juillet à Lyon, le palmarès de l’équipe de France sonne toujours creux. Depuis 2013, les Bleues ont enchaîné quatre éliminations en quarts de finale des grandes compétitions. Vendredi 28 juin, face aux favorites américaines, elles mettront tout en œuvre pour briser cette malédiction.

On rebat souvent les oreilles des Bleues sur la dichotomie entre l’absence de trophée international et les innombrables titres gagnés par les Lyonnaises en club, notamment par les plus expérimentées que sont la capitaine Amandine Henry, la défenseuse Wendie Renard ou la meilleure buteuse en activité Eugénie Le Sommer.

Mais, parmi les vingt-trois joueuses tricolores, certaines peuvent s’enorgueillir d’avoir déjà gagné sous le maillot de la sélection nationale. Elles sont ainsi cinq à être à la fois championnes d’Europe 2016 des moins de 19 ans et, surtout, à avoir décroché un titre de championnes du monde 2012 des moins de 17 ans : les Parisiennes Grace Geyoro (21 ans) et Kadidiatou Diani (24 ans), les Lyonnaises Griedge Mbock (24 ans) et Delphine Cascarino (22 ans), auxquelles il faut ajouter la Madrilène Aïssatou Tounkara (24 ans).

Il y a sept ans, en Azerbaïdjan, ces jeunes filles remportaient le premier titre du football féminin français en battant en finale la Corée du Nord. « C’est essentiel de sentir que l’on peut gagner. Nous, on l’a déjà fait en sélection de jeunes. Cela prouve aussi que la France a les capacités. Les compétitions se jouent à des détails, j’espère qu’en tant que jeunes, on va réussir à les apporter à l’équipe », expliquait au Monde, avant le début du tournoi, l’ailière Delphine Cascarino.

« Reproduire ce que l’on a vécu »

Pour s’imposer, les Bleuettes ont dû cravacher. Elles ont d’abord concédé deux matchs nuls au premier tour, déjà contre la Corée du Nord et contre les Etats-Unis, qu’elles n’ont devancés qu’à la différence de buts pour s’extraire du groupe. En quarts de finale et en finale, elles ont dû affronter deux terribles séances de tirs au but.

« C’était une compétition avec des hauts et des bas. Ça a été difficile de sortir de la poule mais avoir failli être éliminées a fait notre force, se souvient Delphine Cascarino, également lucide sur la difficulté supplémentaire qui les attend. Une compétition avec les A, c’est autre chose, notamment au niveau de l’enjeu et de l’engouement. »

Pour Grace Geyoro, qui attend son heure sur le banc de touche malgré deux courtes entrées en jeu depuis le début de ce Mondial, l’expérience construite lors de ces succès peut servir à l’équipe de France au moment opportun : « On veut tenter de reproduire ce que l’on a vécu, cet état d’esprit de la gagne. On aimerait apporter ce petit quelque chose qui n’a pas fonctionné dans le passé. »

Avant le huitième de finale face au Brésil, où son sauvetage incroyable en prolongation a maintenu les Bleues en vie, l’impressionnante défenseuse Griedge Mbock, titulaire indiscutable au côté de Renard, évoquait également l’importance de l’épopée de 2012 : « Ce que j’ai comme souvenir, c’est la victoire tout simplement. Avec cette équipe, ce que j’aimerais vivre lors de cette Coupe du monde, c’est la même sensation. »

Depuis la large victoire en ouverture (4-0, le 7 juin), les joueuses de la sélectionneuse Corinne Diacre ont parfois eu du mal à développer un jeu collectif huilé. Mises en difficulté par des Norvégiennes hyperorganisées, puis par de rugueuses Nigérianes et, enfin, par les expérimentées Brésiliennes, les Bleues ont pu compter sur de fortes individualités. Si certaines « anciennes », comme Amandine Henry, la gardienne Sarah Bouhaddi ou la défenseure Wendie Renard ont répondu présent, la génération 2012 s’est illustrée.

« Ne pas se sous-estimer »

Hormis Mbock, dont les mérites ont déjà été vantés, l’attaquante Kadidiatou Diani a été la vraie révélation. Alignée, soit à droite soit dans l’axe de l’attaque, elle a souvent fait vivre un calvaire à ses opposantes. Il ne lui manque plus qu’un but. « Que la coach me fasse débuter en pointe ou sur le côté, ça ne me pose aucun souci. J’ai déjà joué au poste d’avant-centre avec les 17 ans, confiait-elle à deux semaines de la compétition, affichant une confiance inébranlable. Si on n’y croit pas, ça va être dur de gagner. On ne doit pas se sous-estimer, bien au contraire. »

Pas loin de l’équipe type, Delphine Cascarino, qui a, pour le moment, participé aux quatre rencontres du Mondial (deux titularisations), aura certainement un rôle à jouer. En janvier, elle avait réalisé un énorme match face à des Américaines en rodage, martyrisant l’arrière gauche, Emily Fox, qui n’est pas du voyage en France. Pour sa première grande compétition avec les Bleues, celle qui avait manqué l’Euro 2017 à cause d’une grave blessure pourrait connaître un déclic face aux Etats-Unis.

Au Parc des Princes, Diani devrait, elle, être une nouvelle fois titulaire, certainement au côté d’une autre jeune joueuse, la buteuse Valérie Gauvin (23 ans), auteure de deux buts jusqu’à présent. Cette dernière n’était pas de l’aventure victorieuse en 2012 mais elle avait, en revanche, accompagnée ses coéquipières lors du Mondial des moins de 20 ans, en 2016, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, achevé à une place de finaliste.

Plus que jamais, les Bleues pourront s’appuyer sur cette ambitieuse jeune garde qui a déjà brillé. A l’image des quatre champions du monde 2018 de Didier Deschamps – Florent Thauvin, Alphonse Aréola mais surtout Samuel Umtiti et Paul Pogba – qui avaient aussi décroché, en 2013, un premier titre mondial dans la catégorie des moins de 20 ans. Mbock, Diani, Cascarino et les autres ne rêvent que de les imiter.