Jean-Claude Romand lors de son procès, le 25 juin 1996. / PHILIPPE DESMAZES / AFP

Jean-Claude Romand, le faux médecin condamné à perpétuité pour avoir tué son épouse, ses deux enfants et ses parents, est sorti de prison dans la nuit de jeudi 27 à vendredi 28 juin, après vingt-six ans de détention, a déclaré son avocat. Sa libération conditionnelle avait été accordée le 25 avril par la cour d’appel de Bourges.

Le faux médecin de l’OMS, aujourd’hui âgé de 65 ans, devrait rejoindre un établissement religieux à sa sortie de la prison de Saint-Maur (Indre), selon une source proche du dossier. Un premier projet d’embauche chez Emmaüs avait été écarté lors des premières audiences statuant sur sa libération conditionnelle en 2018.

Il sera placé sous surveillance électronique pendant une période probatoire de deux ans, avant d’être soumis pendant dix ans à des mesures d’assistance et de contrôle.

Un « pointage électronique à heure fixe »

Une dernière audience concernant les modalités de sa liberté conditionnelle a eu lieu mercredi devant la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Bourges. Il s’agissait notamment de fixer les « plages horaires » durant lesquelles M. Romand devait rester à son domicile, selon Me Jean-Louis Abad, son avocat, qui a parlé d’« une sorte de pointage électronique à heure fixe ».

Jean-Claude Romand n’a pas le droit d’entrer en contact avec les victimes et les parties civiles, et la justice lui a interdit de se rendre dans les régions Ile-de-France, Bourgogne -Franche-Comté et Auvergne - Rhône-Alpes.

Il doit aussi s’abstenir « de toute communication médiatique relative aux crimes pour lesquels il a été condamné », « réparer en tout ou partie » les dommages qu’il a causés et « se soumettre à des mesures d’examen médical, de traitement ou de soins », selon un communiqué du parquet général du 25 avril.

Quinze ans de mensonge

Après avoir caché à ses proches son échec en faculté de médecine, Jean-Claude Romand avait menti pendant plus de quinze ans à son entourage. Marié et père de deux enfants, il se disait médecin, chercheur à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève et faisait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse.

Acculé par plusieurs débiteurs, dont certains avaient découvert son imposture, le faux médecin, alors âgé de 38 ans, était passé à l’acte au matin du 9 janvier 1993. Dans leur maison de Prévessin-Moëns, il tue sa femme avec un rouleau à pâtisserie, puis sa fille de sept ans et son fils de cinq ans, en leur tirant dans le dos avec une carabine. Il tue ensuite ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura) de plusieurs balles dans le dos.

Le lendemain, il revient à son domicile et avale des barbituriques avant d’incendier la maison. Il sera retrouvé inconscient mais vivant par les pompiers.

Condamné à la perpétuité en 1996, M. Romand était libérable depuis 2015, après une période de sûreté de vingt-deux ans.

Le parcours du « docteur Romand » a inspiré cinéma et littérature, comme le livre L’Adversaire, d’Emmanuel Carrère, adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia.