Affiche du La Défense Jazz Festival. / DR

A l’issue du 42e Concours national de jazz, organisé durant La Défense Jazz Festival (du 24 au 30 juin), le Prix de groupe a été décerné à l’Obradovic-Tixier Duo, qui réunit la batteuse Lada Obradovic et le pianiste David Tixier. Lada Obradovic a par ailleurs reçu le Prix de l’instrumentiste. Les croisements de passages oniriques et d’élans de pleine énergie, l’important travail sur le rythme, la qualité du son acoustique, avec de discrètes touches électroniques, auront donc convaincu le jury du Concours auquel ont participé, en fin de journée sur le site du festival, cinq autres formations.

En plein centre de l’esplanade de La Défense (Hauts-de-Seine), entourée de hauts immeubles aux parois vitrées qui renvoient les rayons du soleil mais assurent aussi quelques zones d’ombre, le site du festival s’est mis à l’heure caniculaire avec des ventilateurs dotés d’humidificateurs et deux espaces protégés. De quoi inciter le public des bureaux à venir passer un moment en musique à l’heure du déjeuner ou en fin d’après-midi. Le festival présente à ces moments-là surtout des groupes émergents, réservant à son week-end final le passage de vedettes en soirée (cette année Snarky Puppy, José James, Avishaï Cohen…).

Jeudi 27 juin, ce n’est toutefois pas un nouveau venu qui est là, mais le pianiste Eric Legnini. Il a joué avec des dizaines de musiciens, dont Toots Thielemans, Stefano di Battista, les frères Belmondo, Joe Lovano, Kyle Eastwood, André Ceccarelli, Kurt Elling… tout en menant ses propres formations. Pour son passage au festival, il est accompagné d’une vingtaine de musiciennes et musiciens liés à l’association Les Portes de l’exil (LPE), à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), avec section de vents, et en fin de concert le chœur des Petits chanteurs d’Asnières.

Le répertoire a été choisi dans de récents albums en collaboration avec des chanteuses et chanteurs. C’est la part la plus soul-jazz et funk, ancrée dans les années 1960 et 1970, de Legnini, qui a ici été fort bien fêté, tant par des arrangements des vents que par voix, notamment celles d’Anaka Kray’zi et Sizler Rugaï. Avec citations, outre des compositions dans l’esprit, de Les McCann, Stevie Wonder (I Wish), Herbie Hancock.

Human Songs, au La Défense Jazz Festival, vendredi 28 juin 2019. / CD92-WILLY LABRE

Le groupe Human Songs, avec de gauche à droite Tom Carrère (piano), Cyprien Zéni (cahnt), Frédéric Petitprez (batterie) et Pascal Celma (basse). / FRAMBOISE ESTEBAN

Le lendemain, vendredi 28 juin, entre 12 heures et 14 heures – pic de chaleur et tout ça – la voix était à nouveau au programme. Celle de Cyprien Zéni, chanteur au sein du groupe Human Songs, enchante. Un timbre un rien féminin, un sens très sûr du jeu mélodique avec les sons des mots (en anglais, en créole réunionnais). Avec lui, le pianiste Tom Carrère, le bassiste Pascal Celma et le batteur Frédéric Petitprez, au-delà du rôle d’accompagnateurs, mais bien en interactions créatives, passant par un jazz classique, parfois aux teintes de musiques de l’île de la Réunion et de la spiritualité de John Coltrane.

Suivit la chanteuse Kimberly Rose Kitson Mills et son groupe Kimberose. Un premier album, des passages à la télévision et le succès d’une reprise de Smile (musique de Charlie Chaplin, texte de John Turner et Geoffrey Parsons), ont attiré récemment l’attention du grand public sur elle. Voix rauque, puissante, elle est plutôt convainquante dans son approche du blues et de la soul (très belle interprétation de I Say a Little Prayer écrite par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick). La tentation pop un peu jazz-rock d’une partie du répertoire a elle un air plus appliqué, plus retenu.

La Défense Jazz Festival, esplanade de La Défense (Hauts-de-Seine). Avec Adam Ben Ezra, Snarky Puppy, samedi 29 juin, à 20 heures ; Jordan Mackampa, José James, Avishaï Cohen Trio, dimanche 30 juin, à 20 heures. Accès libre.