Demeke Mekonnen (centre), le vice-premier ministre éthiopien, assiste aux funérailles du président de la région Amhara, Ambachew Mekonnen, et de deux autres responsables, qui ont été tués lors d’une attaque dans la ville de Bahir Dar. / BAZ RATNER / REUTERS

La répression concernant les assassinats politiques commis le week-end du 22 et 23 juin a commencé en Ethiopie. Plus de 250 personnes ont été arrêtées en lien avec ces attaques, qualifiées par les autorités de « tentative de coup d’Etat » contre le gouvernement de la région Amhara (nord-ouest), a annoncé jeudi 27 juin une équipe gouvernementale chargée de faire la lumière sur les événements qui ont conduit à la mort du chef des armées.

L’Ethiopie est sous haute tension depuis les assassinats de samedi, qui s’inscrivent dans le contexte de luttes de pouvoir liées aux tensions politico-ethniques dont le pays est le théâtre. Ces dernières se sont exprimées plus librement avec l’ouverture de l’espace démocratique par le premier ministre, Abiy Ahmed, entré en fonctions en avril 2018.

Samedi après-midi, un commando armé a tué le président de la région Amhara, un de ses conseillers et le procureur général de l’Amhara, à Bahir Dar, la capitale régionale. Quelques heures plus tard, le chef d’état-major des armées éthiopiennes a été tué dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, par son garde du corps alors qu’il organisait la réponse à l’attaque de Bahir Dar. Un général à la retraite lui rendant visite a également été tué.

Tensions interethniques

Une équipe gouvernementale formée de spécialistes de la sécurité et de la justice, chargée d’enquêter sur ces événements, a fait savoir jeudi soir dans un communiqué que « les meurtres des responsables gouvernementaux et des généraux de l’armée s’inscrivent dans une conspiration plus grande visant un large éventail de responsables gouvernementaux ».

Sans préciser s’il s’agit de responsables nationaux ou régionaux, elle a évoqué des « forces destructrices » ayant commis un « acte de trahison » dans le but de prendre le pouvoir. « La task force a arrêté 212 suspects en région Amhara et 43 suspects à Addis-Abeba », a-t-elle souligné dans un communiqué, précisant que 27 armes automatiques et deux mitrailleuses avaient été saisies.

Les autorités accusent Asaminew Tsige, un ethnonationaliste amhara, d’être derrière les assassinats de samedi. Chef de la sécurité de la région Amhara, qui avait ouvertement entrepris de former des milices ethniques, il aurait été sur le point d’être évincé en raison de sa rhétorique belliqueuse. En fuite, il a été tué lundi par des policiers.

Deux millions de déplacés

Les violences ethniques en Ethiopie, qui ont le plus souvent pour enjeux des questions territoriales et des ressources, ont déjà fait plus de deux millions de déplacés et des centaines de morts, principalement le long des frontières entre les régions du pays dessinées sur les bases d’un fédéralisme ethnique.

Jeudi, le Mouvement national amhara (NaMa), un parti ethnonationaliste d’opposition ayant gagné en popularité depuis l’ouverture de l’espace démocratique par le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, entré en fonctions en avril 2018, avait assuré que 56 de ses membres et sympathisants avaient été arrêtés à Addis-Abeba. La task force n’a pas précisé si les arrestations qu’elle a annoncées incluaient celles évoquées par la NaMa.