Soixante heures après avoir déclaré l’état d’urgence, le bateau humanitaire « Sea-Watch 3 » est entré dans le port de Lampedusa et sa capitaine Carola Rackete, qui avait forcé le blocus des eaux territoriales italiennes, a été arrêtée samedi 29 juin, a rapporté Ruben Neugebauer, le porte-parole de l’ONG à l’Agence France Presse (AFP). Il a précisé que les 40 migrants transportés étaient restés à bord après que le navire a accosté.

« Nous attendons encore et toujours une solution qui ne se dessine malheureusement pas. C’est pourquoi j’ai maintenant moi-même décidé d’accoster dans le port », a expliqué la capitaine du navire dans une vidéo relayée par Sea-Watch sur Twitter.

« Nous sommes fiers de notre capitaine : elle a exactement fait ce qu’il fallait, elle a insisté sur le droit de la mer et a mis les gens en sécurité », a écrit sur Twitter le président de l’ONG allemande, Johannes Bayer.

Une enquête ouverte contre Carola Rackete

Carola Rackete, la jeune capitaine allemande du navire battant pavillon néerlandais, avait forcé mercredi le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite). M. Salvini a donc réclamé l’arrestation de l’équipage pour aide à l’immigration clandestine et le placement sous séquestre du navire. La police avait obligé le bateau à s’arrêter à un mille nautique du port.

Le parquet d’Agrigente (Sicile) a ouvert une enquête jeudi contre Carola Rackete pour aide à l’immigration clandestine et non-respect de l’ordre d’un navire militaire italien de ne pas pénétrer dans les eaux territoriales italiennes.

M. Salvini refuse que les migrants débarquent avant d’avoir l’assurance qu’ils seront immédiatement transférés aux Pays-Bas, en Allemagne ou dans d’autres pays européens.

Vendredi en début d’après-midi, le ministre italien des affaires étrangères Enzo Moavero avait annoncé sur Twitter, en les remerciant, que cinq pays (la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande) étaient disposés à accueillir ces migrants.