Quelque 600 « gilets jaunes » se retrouvent samedi et dimanche à Montceau-les-Mines pour leur troisième « Assemblée des assemblées ». / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Présents malgré la chaleur. Quelques milliers de « gilets jaunes » ont bravé la canicule, samedi 29 juin, et ont défilé, surtout à Paris, pour l’acte 33 de leur mobilisation.

Dans les rues de la capitale, ils étaient au moins un millier, a constaté une journaliste de l’AFP. Partie de la porte de Clichy, dans le nord de Paris, la manifestation a pris un tour festif avec sous-marin jaune en guise de char et artistes donnant de la voix.

Cette manifestation avait pour thème la dénonciation des violences policières. Juché sur le char sous-marin, Alain, 54 ans, ex-militaire, a arraché ses médailles qui n’ont pour lui « plus aucune valeur ». Blessé à la gorge le 1er décembre par un lanceur de balles de défense (LBD), « à 2 millimètres de la carotide », comme en témoigne sa cicatrice, il a fait « neuf heures de voiture » depuis le Haut-Jura pour venir manifester samedi et ne veut « rien lâcher ».

La manifestation s’est déroulée dans le calme, les manifestants se ravitaillant en eau dans les supérettes, et pour quelques-uns se rafraichissant avec des pistolets à eau.

A Bordeaux, moins de 200 personnes ont manifesté, selon la police, sous un soleil de plomb dans le centre historique de la ville.

« C’est lamentable, tout ça pour ça »

Un « gilet jaune » découragé a déploré l’essoufflement du mouvement : « c’est lamentable, tout ça pour ça, c’est toujours les mêmes têtes, on n’arrive plus à mobiliser parce que la télé ne parle plus de nous, mais il y a aussi les amendes qu’on prend tous les samedis, faut les débourser les 135 euros... »

A Toulouse, ils étaient entre 100 et 200 à manifester et vu les presque 40 degrés de l’air ambiant, beaucoup n’avaient pas revêtu leur gilet. Ils étaient une centaine à Montpellier.

Par ailleurs, quelque 600 « gilets jaunes » de toute la France se retrouvent pendant tout le week-end à Montceau-les-Mines pour leur troisième « Assemblée des assemblées » qui devait se pencher sur les suites à donner au mouvement.

« En personnes actives, il nous reste à peu près 10% de ceux qui étaient là au début du mouvement », estime Eric Morin, 37 ans, venu d’Auriol (Bouches-du-Rhône) pour cette troisième « Assemblée des assemblées ». « Les gens qui sont toujours là sont ceux qui vont rester jusqu’à la fin. » Mais « les gens vont redescendre dans la rue » à la rentrée, assure-t-il, tablant sur « les mouvements sociaux de septembre ».

« Les gens attendent la suite »

Si personne ne conteste le déclin de la mobilisation dans les manifestations du samedi, attribué par beaucoup à la « répression policière », ils espèrent donner un nouveau souffle au mouvement. « Les gens attendent la suite », affirme Sylvia Fischbach, 35 ans, hôtesse de caisse administrative à Forbach (Moselle). « Manifester tous les samedis, marcher, chanter, j’aime bien. Mais on avait une vie avant le 17 (novembre 2018), on aimerait bien avoir une vie après aussi », poursuit-elle. La prochaine étape pourrait être, selon elle, « d’investir les mairies et les municipales ».

Une idée partagée par Christophe Prévost, 51 ans. « On va essayer de rassembler un maximum de monde, parler aux déçus de la politique, leur proposer de venir sur une liste citoyenne, pas forcément étiquetée gilets jaunes », suggère ce chargé d’affaires dans l’immobilier de Bagnols-sur-Cèze (Gard). Mais attention, cette liste sera « interdite aux figures politiques », lance-t-il devant un groupe de travail sur les « assemblées citoyennes ». Certains désapprouvent. « On a intérêt à ce que tout le monde adopte les règles démocratiques que l’on propose », répond une « gilet jaune » de Lyon.