L’attaquante suédoise Stina Blackstenius est félicitée par ses coéquipières après avoir marqué le but de la victoire en quart de finale de la Coupe du monde féminine, au stade Roazhon de Rennes. (Photo by LOIC VENANCE / AFP) / LOIC VENANCE / AFP

Vingt-quatre ans qu’elles n’avaient plus battu les Allemandes dans une compétition majeure. L’histoire retiendra que c’est à Rennes, samedi 29 juin, en quart de finale de Coupe du monde, que les Suédoises ont enfin fait tomber les Allemandes et leur rideau de fer en défense, qui n’avait encaissé aucun but dans le tournoi jusqu’ici.

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La Suède, 9e au classement FIFA, affrontera en demi-finale mercredi 3 juillet à Lyon, les Pays-Bas, champions d’Europe et qualifiés aux dépens de l’Italie plus tôt dans la journée (2-0). En rejoignant les Néerlandaises, les Anglaises et les Américaines en demi-finale, les « bleues et jaunes » s’offrent aussi une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo – les trois meilleures équipes européennes du tournoi étant d’office qualifiées.

C’est peu dire que le défi était immense pour les Suédoises. Elles n’avaient plus battu les doubles championnes du monde depuis quatre ans en match officiel. En tournoi international, la dernière victoire remontait à un match de poule de Coupe du monde en 1995. L’affiche entre les deux pays est un classique des compétitions internationales, les deux faisant partie des nations pionnières du football féminin.

« Une fichue bête noire »

Par le passé, ces adversaires s’étaient souvent retrouvés en finale de grands événements, avec des souvenirs douloureux pour les Suédoises. Les octuples championnes d’Europe allemandes les avaient privées de titres lors la finale de l’Euro 2001, celle de la Coupe du monde 2003 et du tournoi olympique des Jeux de Rio 2016.

« On est fatiguées d’entendre parler de cette fichue bête noire allemande », avait prévenu la défenseuse Magdalena Eriksson avant la rencontre, répondant aux journalistes amateurs de statistiques historiques. Peut-être savait-elle déjà que la « bête » avait été bien observée par l’équipe suédoise qui avait identifié ses faiblesses pour faire plier sa fameuse défense.

« Nous savions que c’était une équipe très offensive et qu’il y aurait des espaces dans la défense, quand nous avions la balle, nous avons essayé de jouer dans la profondeur rapidement, nous nous sommes tenues à notre stratégie », analysait après le match la meneuse de jeu scandinave Kosovare Asllani.

La profondeur était la clé

C’était en tout cas le plan de Peter Gerhardsson, et il a fonctionné à merveille. Car si les Allemandes ont ouvert le score sur une superbe action collective, Sara Daebritz glissant le ballon plein axe à Lina Magull qui levait la balle en l’air pour enchaîner sur une reprise de volée (1-0, 12e), ce sont bien les Suédoises qui ont été les plus dangereuses par la suite.

A coups de longues passes en profondeur dans le dos de la défense, elles ont peu à peu pris l’ascendant, Sofia Jakobsson butant sur la gardienne allemande Almuth Schult avant de trouver la faille. Sur un énième ballon lointain, la joueuse de Montpellier égalisait avec une frappe croisée imparable dans le petit filet (1-1, 22e).

Impressionnantes physiquement, les Suédoises doublaient la mise dès le début de la deuxième période. Si la tête de Fridolina Roldo était bien repoussée par la gardienne allemande, le ballon atterrissait dans les pieds de l’avant-centre Stina Blackstenius, libre de tout marquage, qui offrait un deuxième but aux siennes (1-2, 48e).

Dès lors, le piège s’était refermé sur les coéquipières d’Alexandra Popp. Elles avaient beau pousser dans le dernier quart d’heure, notamment avec une tête de Lena Oberdorg, juste à côté du but, la chance avait tourné, pour la première fois depuis deux décennies. Et l’entrée à la mi-temps de leur meneuse de jeu Dzenifer Marozsan, diminuée par une blessure à l’orteil, n’y a rien changé.

Être sacrées, l’autre malédiction des Suédoises

L’élimination en quart de finale est un nouvel échec pour la 2e nation au classement FIFA, après sa sortie précoce en quart de finale de l’Euro 2017. En manquant de faire partie des trois meilleures nations européennes de ce Mondial (la Suède, les Pays-Bas, et l’Angleterre sont en demi-finale), les championnes olympiques en titre ne sont même pas qualifiées pour défendre leur titre aux Jeux de Tokyo en 2020.

Côté suédois, c’est avec une grande réserve qu’on a évoqué un possible titre de championnes du monde. « Nous avons discuté des possibilités qui s’offrent à nous pour aller plus loin dans cette compétition, et peut-être remporter tous les matchs », concédait l’entraîneur suédois, Peter Gerhardsson, qui aime prendre un match après l’autre et qui ne voulait pas se prononcer sur une possible finale.

Il faut dire que les « bleues et jaunes » sont des habituées des derniers carrés des grandes compétitions, mais sont rarement championnes. Finalistes en 2003, troisièmes en 1991 et 2011, elles n’ont qu’un Euro à leur palmarès remporté en… 1984. Après 35 ans de disette, certains veulent croire que cette victoire à Rennes a brisé le mauvais sort. Après tout, le club de la même ville a remporté cette année une Coupe de France après 48 ans sans trophée national majeur. Les Suédoises pourraient y voir un signe.