Thomas Voeckler, lors de la conférence de presse après l’annonce de sa nomination en tant que sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme, le 30 juin 2019 à La Haie-Fouassière. / FRED TANNEAU / AFP

A 40 ans, le grand acteur des Tour de France 2004 et 2011 (dix jours en jaune) va mettre son sens tactique au service de l’équipe nationale. Thomas Voeckler aura cette fois comme objectif de mener un Français vers la tunique arc-en-ciel, celle du champion du monde, qu’il n’a jamais portée dans sa carrière, ou à un sacre olympique, lui qui avait disputé les Jeux d’Athènes en 2004 en tant que champion de France.

« Je veux vibrer avec l’équipe de France et que tout le monde vibre avec elle, que le public en soit fier, fier de l’image qu’elle dégage. Les résultats viendront dans un deuxième temps », s’est justifié l’Alsacien, vainqueur de quatre étapes du Tour, à La Haie-Fouassière (Loire-Atlantique), lors de l’annonce dimanche 30 juin de sa nomination par la Fédération française de cyclisme (FFC), en marge des Championnats de France où il a été titré deux fois.

Voeckler, qui avait mis un terme à sa carrière à l’issue du Tour 2017 après en avoir été l’un des animateurs les plus appréciés du grand public français, pour son côté malin et son tempérament bagarreur, sera propulsé directement à la tête de l’équipe de France, pour une durée qui reste à définir. Son rôle sera celui d’un « manager », censé avoir plus de poids que celui de « sélectionneur » – l’ancienne appellation du poste – et englobant selon le président de la Fédération française, Michel Callot, « une finalité olympique » en vue de Paris 2024.

« Je pense avoir pu prendre le recul nécessaire »

Voeckler remplace avec effet immédiat Cyrille Guimard, 72 ans, qui part « d’un commun accord » après deux ans où il a « fait le job qu’on attendait » de lui, selon Michel Callot. Ce dernier n’a « pas réussi à réunir les conditions » souhaitées par Guimard pour la suite de son mandat, à savoir l’obtention d’un « rôle élargi, une influence plus forte (…) débordant de l’équipe professionnelle ».

Sans période transitoire, Voeckler sera donc seul aux commandes dès les Championnats d’Europe d’Alkmaar (Pays-Bas) début août, puis aux Mondiaux du Yorkshire (Royaume-Uni) fin septembre. Deux ans seulement après avoir raccroché le vélo.

« Durant deux ans, je pense avoir pu prendre le recul nécessaire », a-t-il expliqué, lui qui table aussi sur ses bonnes relations avec les coureurs qu’il dirigera. « J’ai roulé à leurs côtés et je pense que c’est un atout. La clé du travail (…), c’est d’avoir la confiance du coureur pour créer un collectif qui fonctionne toute l’année ». « Les coureurs doivent aimer leur sélectionneur, et je pense qu’ils aiment le charisme et la personnalité de Thomas Voeckler », s’est félicité le directeur technique national Christophe Manin.

Après la deuxième place de Romain Bardet aux Mondiaux 2018 à Innsbrück (Autriche), les espoirs français pour 2019 sont élevés, sur les routes exigeantes du Yorkshire qui pourraient convenir à l’actuel no 1 mondial, Julian Alaphilippe. Surtout que les parcours très difficiles de Tokyo 2020 et des Mondiaux 2020 de Martigny (Suisse) sont favorables aux grimpeurs français comme Bardet ou Thibaut Pinot. « On a la chance d’avoir des coureurs qui peuvent gagner sur tous les terrains », a analysé Voeckler, qui espère apporter à un ou une Tricolore un premier titre mondial sur route depuis 1997 (Laurent Brochard), ou un premier titre olympique depuis 1996 (Jeannie Longo).

Quant à ses fonctions parallèles de consultant pour France Télévisions ou d’ambassadeur chez Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Tour, elles sont « un atout » selon Voeckler, qui compte sur elles pour rester « proche » des coureurs qu’il aura à diriger.