Cette année, une Gay Pride alternative est venue contester le caractère « commercial » de la Marche des fiertés principale et ses 70 entreprises sponsors. / KENA BETANCUR / AFP

Une Gay Pride placée sous le signe du gigantisme. Trois millions de personnes ont défilé dans les rues de New York, dimanche 30 juin, pour célébrer les fiertés LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans). Cette année, alors que la Marche commémore le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall – événement fondateur du mouvement pour les droits des homosexuels –, une marche alternative est venue contester le caractère « commercial » de la Gay Pride principale et ses 70 entreprises sponsors (dont Morgan Stanley, Axa ou Delta).

Ainsi, plusieurs milliers de personnes qui estiment que l’événement a perdu son âme ont défilé dans Greenwich Village, puis le long de la 6e Avenue vers Central Park, pour un défilé contestataire intitulé « Reclaim Pride » (« Se réapproprier la Gay Pride »). Le but de cette marche de protestation : maintenir la « tradition radicale » des émeutes de Stonewall.

Le 28 juin 1969, à New York, une descente de police au Stonewall Inn, un bar gay de Greenwich Village, dégénère en émeutes. Pendant plusieurs nuits, des membres de la communauté homosexuelle affrontent les forces de l’ordre, donnant naissance au mythe fondateur du mouvement pour les droits des personnes LGBT. C’est cette date que commémorent, chaque année, les Marches des fiertés.

Fête à Times Square et concert de Madonna

« Notre but n’a jamais été uniquement l’égalité des droits pour la communauté LGBT+ », a expliqué Peter Tatchell, 67 ans, militant pour les droits humains. « Mon but est de transformer la société, (...) une société avec liberté et justice sociale pour tous. »

« Stonewall, c’était des émeutes, et c’est important que la Gay Pride ne soit pas trop récupérée par les grandes entreprises », a aussi souligné Bennett Sherr, 20 ans, étudiant à Cornell, venu défiler avec une amie. « Il y a des entreprises qui financent la Gay Pride et ensuite donnent des millions à des personnalités politiques anti-LGBT », a-t-il ajouté.

De nombreux manifestants arboraient des panneaux dénonçant la politique de Trump, depuis les attaques contre l’IVG à la séparation des familles de migrants à la frontière mexicaine, en passant par les menaces contre les droits des personnes transgenres.

La polémique avec la marche principale, qui devait s’élancer depuis la 5e Avenue et la 26e rue en direction de Greenwich Village, restait néanmoins modérée. Beaucoup de participants du défilé contestataire affirmaient qu’ils iraient également faire un tour à cette « World Pride », que le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, grand défenseur de la communauté LGBT, a présentée comme « la plus grande marche des fiertés de l’histoire du globe. » La journée devait se terminer par une fête à Times Square et un concert de Madonna.

Stonewall, « c’est notre histoire. C’est la raison pour laquelle nous pouvons être ce que nous voulons être, c’est pour ça que c’était important de venir célébrer », expliquait vendredi Francesco Servalli, 38 ans, venu d’Italie. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, la Marche des fiertés reste l’occasion de s’encourager à poursuivre la lutte pour l’égalité des droits, dans un contexte mondial marqué par l’arrivée au pouvoir de dirigeants politiques « extrêmes » – il cite Donald Trump, Matteo Salvini en Italie et Jair Bolsonaro au Brésil.

Avec tant de monde attendu, la police s’est déployée en force dans les rues de Manhattan, en uniforme et en civil, assistée de drones et hélicoptères dans les airs. Après la fusillade dans un bar gay d’Orlando, qui a fait 49 morts en juin 2016, la police new-yorkaise avait renforcé son dispositif pour les Marches de ce week-end.