Cérémonie commémorative en l’honneur des enfants tués lors d’une attaque contre le village dogon de Sobane Da, au Monument de la paix à Bamako (Mali), le 15 juin 2019. / ANN RISEMBERG / REUTERS

Au moins vingt-trois civils ont été tués dimanche dans l’attaque de villages du centre du Mali par des hommes armés près de la frontière burkinabée, a-t-on appris, lundi 1er juillet, auprès du maire d’une localité des environs et d’une source de sécurité malienne.

Depuis l’apparition, en 2015, dans le centre du Mali, du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambaras et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

« Dimanche, et dans la nuit de dimanche à lundi dans les villages de Bidi, Sankoro et Saran, des hommes armés ont attaqué des civils, tuant vingt-trois personnes », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Cheick Harouna Sankaré, maire de la localité voisine d’Ouenkoro, faisant état de nombreux blessés et des déplacés. « La situation est grave, l’armée doit agir pour sécuriser les populations. Nous sommes actuellement en réunion pour voir ce qu’il faut faire. » Ce bilan a été confirmé par une source de sécurité.

Conflits intercommunautaires

Par ailleurs, dans le cercle de Koro, dans la même région, « onze personnes à bord d’une moto tricycle ont été tuées par un engin explosif à 7 kilomètres de la frontière du Burkina Faso dimanche », a affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat un élu de la localité de Guiré. Le 17 juin, une attaque visant les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabée, imputée à « des éléments peuls », avait fait quarante et un morts, selon un document interne des Nations unies.

Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre, le 23 mars, attribué à des chasseurs dogon, de quelque cent soixante Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a récusé toute notion de « conflit interethnique », a nommé le 20 juin « haut représentant du président de la République pour le centre » un de ses proches, l’ancien président du Mali par intérim (2012-2013) Dioncounda Traoré.

Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes djihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit. Malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord du pays vers le centre, voire parfois le sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.