Jean Hornain : « La ville est le premier rempart à la pollution des océans »
Jean Hornain : « La ville est le premier rempart à la pollution des océans »
Alors que le projet de loi sur l’économie circulaire doit être présenté en conseil des ministres en juillet, le directeur général de Citeo insiste dans une tribune au « Monde » sur la lutte contre les « fractures du recyclage ».
Tribune. Dans notre guerre contre la pollution des déchets plastique, la ville est un terrain privilégié et le recyclage est une « arme » efficace et facile à utiliser – dont le permis est accessible à tous ! Trier ses déchets, c’est la première barrière à la pollution sauvage et à celle des océans. De plus, la transformation des déchets en nouvelles ressources contribue à deux objectifs essentiels de la loi de transition énergétique pour la croissance verte : la réduction des gaz à effet de serre, et la diminution des déchets mis en décharge. La ville est le premier rempart à la pollution des océans
Cette bataille ne se gagnera que si l’on prend le temps de la préparation, de l’union et d’une avancée en ordre concerté. Rien de pire en effet qu’une somme d’initiatives individuelles – même sincères – sans schéma collectif, pouvant nuire à l’efficacité des efforts déployés, risquant de nous faire perdre un temps précieux et de nous amener à la démobilisation.
Car malgré les efforts de tous, il reste beaucoup à faire pour mettre fin aux « fractures du recyclage », ces grandes disparités de performances entre villes et campagnes. Lors d’ateliers citoyens que nous avons organisés, nous avons rencontré des Strasbourgeois, des Marseillais, des Lyonnais et bientôt des Parisiens. Nous sommes aussi allés à leur rencontre dans 10 autres villes afin de créer le mouvement Trier c’est donner, pour les engager davantage dans le tri et les inciter à revendiquer la valeur de ce geste citoyen.
Le constat ? Les Français sont prêts à se mobiliser massivement, pourvu qu’ils trouvent simplicité et accessibilité.
Plage de Lap Sap Wan, New Territories, Hongkong. / Photo Escapes / robertharding / Photononstop
Alors continuons de simplifier le tri, à la fois en l’harmonisant sur tout le territoire et en ouvrant le bac de tri à tous les emballages. Augmentons l’accès au tri par un maillage renforcé et adapté : Paris va par exemple déployer 1 000 Trilib’, ces bornes au design coloré permettant à ses habitants d’apporter leurs déchets recyclables à proximité de chez eux.
Poursuivons la modernisation de notre appareil industriel : des centres de tri bien dimensionnés, modernisés, aux conditions de travail dignes. Innovons pour accroître la recyclabilité des matériaux et réduire les emballages grâce à l’écoconception et la recherche et développement (R&D). Et mobilisons le consommateur en le plaçant au cœur de l’action.
Pour accélérer le mouvement, de nouveaux schémas complémentaires se dessinent aujourd’hui – comme par exemple la consigne pour recyclage des bouteilles plastiques –, et avec eux de nouveaux modèles économiques qu’il faut valider sur le long terme. Nous le savons bien : sans performance économique, les stratégies environnementales ne fonctionnent pas. C’est dans cet esprit que Citeo travaille en ce moment à mettre à plat hypothèses, coûts et résultats pour faire franchir un nouveau seuil au recyclage des emballages et des papiers.
Profitons de la forte volonté affirmée par l’Etat pour remettre l’économie circulaire au cœur du projet économique et environnemental français. Donnons-nous collectivement cette chance de prendre les bonnes décisions pour l’environnement et notre économie.