L’équipe de Mauritanie à l’entraînement en juin 2019, près de Suez. / FFRIM

Depuis que David a battu Goliath, tous les espoirs sont permis. Après le match nul obtenu face à l’Angola (0-0), samedi 29 juin, l’équipe de Mauritanie peut se qualifier pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Mais pour que le rêve devienne réalité, elle doit battre la Tunisie, ce soir à Suez.

Le rapport de force n’est pas en faveur des Mourabitounes. Face à une équipe rapide et expérimentée, qui a participé à la Coupe du monde 2018 et se range à la 25e place du classement FIFA, les chances du petit poucet de la CAN (103e) paraissent microscopiques. Après une lourde défaite face au Mali (4-1), puis un match soporifique contre l’Angola, les résultats ne sont guère encourageants. Mais tout le camp mauritanien croit en la victoire. Parce que le sport autorise tous les espoirs et surtout les plus fous. Des terrains cabossés de Nouakchott à ceux de la Ligue des champions, tous les footballeurs savent que « sur un match, tout est possible ».

« On a 0,5 % de chance de gagner, mais on va s’accrocher, tempère Corentin Martin, le sélectionneur. On va tout faire pour ne pas avoir de regrets. Dans ce match, on aura trois ou quatre occasions de but au maximum. Il faudra donc être réaliste en attaque et solide en défense. Notre objectif reste la qualification pour les phases finales. » Il sera atteint en cas de succès, quel que soit le résultat de la rencontre Angola-Mali, disputée à la même heure à Ismaïlia, au nord-est de l’Egypte.

Un match couperet

Emmenés par Wahbi Khazri, leur attaquant de Saint-Etienne formé à Bastia, les Tunisiens peuvent quant à eux se contenter d’un match nul et profiter d’une place de meilleur troisième pour se hisser en huitièmes de finale. Mais après deux rencontres ternes contre l’Angola (1-1) et le Mali (1-1), les hommes d’Alain Giresse veulent une victoire pour se relancer. C’est donc une sorte de seizième de finale qui se joue, un match couperet à élimination directe.

Face à un adversaire supérieur, l’approche psychologique est capitale. Lundi soir, l’entraînement, d’une quarantaine de minutes seulement, s’est achevé par une séance de visualisation mentale, une technique qui vise à focaliser son esprit sur un objectif afin de l’atteindre. Allongés dans un coin du terrain, les joueurs devaient « voir » leur journée du lendemain : départ de l’hôtel, arrivée au stade, écoute de l’hymne, phases de jeu pendant le match… Avant de toucher la victoire, il faut l’imaginer dans ses moindres détails. « Un gagnant est un rêveur qui n’abandonne jamais », a dit Nelson Mandela. La citation a été martelée par le staff mauritanien au terme d’une séance vidéo révélant les forces et les faiblesses de l’équipe tunisienne.

Après la déroute encaissée contre le Mali, le match face à l’Angola a apporté son lot de confiance et de sérénité. Mais il n’a pas suscité d’effusion de joie. « Nous restons dans la course à la qualification » se sont contentés de dire les joueurs. Même si aucun but n’a été inscrit contre les Angolais, les consignes du sélectionneur ont été respectées et le schéma de jeu a bien fonctionné. Il n’en faut pas plus pour donner à chacun un sentiment de puissance, l’impression qu’il peut déplacer des montagnes avec le groupe.

Réussir un exploit

« La Tunisie est meilleure que nous sur la feuille, mais nous allons prouver que nous sommes meilleurs sur le terrain », assure le milieu de terrain Mohamed Dellahi Yali. « Avec tous ses grands joueurs, l’équipe de Tunisie devrait déjà être qualifiée, estime le défenseur Bakary N’Diaye. Elle va jouer avec le doute et nous allons en profiter. »

La fraîcheur physique pourrait être l’une des clés de la rencontre. Depuis la fin du match face à l’Angola, les Mauritaniens n’auront eu que soixante-douze heures pour récupérer, une journée de moins que les Tunisiens. « Au niveau international, trois jours de repos constituent un strict minimum », explique Yannick Guillodo, médecin de l’équipe. « Ils viennent un peu plus souvent que d’habitude en salle de soins, mais c’est aussi pour passer un moment convivial, plaisanter ou échanger des vidéos », assure François Darras, kinésithérapeute. La cohésion du groupe suffira-t-elle à faire oublier la fatigue ?

Reste à déterminer le facteur chance. Il en faut toujours un peu pour réussir un exploit. Les joueurs de football sont souvent superstitieux et les Mourabitounes n’échappent pas à la règle. Dans les vestiaires, le bus ou pendant les repas, ils s’assoient toujours à la même place. « Ils ont leurs habitudes, explique Ahmed Hemmedi, dit « Thié », l’intendant de l’équipe. Certains veulent qu’on coupe le bas de leur chaussette, qu’on pose leur serviette en hauteur, à droite ou à gauche sur le siège avant le match. Chacun a son rituel et après… Inch’Allah. »

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