Les centres de la protection des douanes et des frontières (CBP), comme celui de Clint, au Texas, ont été récemment la cible d’une polémique sur les conditions de détention des migrants et comparés à des « camps de concentration » par Alexandria Ocasio-Cortez. / MARIO TAMA / AFP

Après les accusations de mauvais traitement, après la démission de son chef, le service de la police aux frontières américaine (Customs and Border Protection ou CBP) n’avait pas besoin de ce nouveau scandale.

Le site d’informations indépendant ProPublica rapportait, lundi 1er juillet, que des membres de ce service avaient échangé sur un groupe Facebook « secret » moqueries sur les migrants, insultes sexistes et menaces contre des élus du Congrès.

Selon ProPublica, ce groupe « secret » créé en 2016 rassemble 9 500 personnes, soit la moitié des effectifs actuels du CBP, chargés de surveiller les frontières américaines.

Baptisé « Je suis 10-15 » – du nom de code qui signifie « étrangers en détention » –, le groupe se décrit comme un forum « marrant » et « sérieux » permettant aux douaniers, anciens ou actuels, de discuter « seulement » de leur travail. Mais les commentaires des utilisateurs sont le plus souvent ironiques ou insultants, selon ProPublica, qui publie plusieurs messages. « S’il meurt, il meurt », réagit ainsi un membre après la mort, en mai, d’un migrant de 16 ans dans un centre de détention au Texas.

Centres de rétention comparés à des camps de concentration

Un autre propose de lancer un appel aux dons en faveur du douanier qui sera « assez courageux » pour lancer un burrito sur les élues démocrates Alexandria Ocasio-Cortez et Veronica Escobar, lors de leur visite prévue ce lundi dans le centre du CBP à Clint, au Texas.

Ces centres, qui ont été récemment la cible d’une polémique sur les conditions de détention des migrants, ont été comparés à des « camps de concentration » par Alexandria Ocasio-Cortez.

Un troisième message met en doute l’authenticité de la photo des corps d’un migrant et de sa fille en bas âge retrouvés la semaine dernière gisant au bord du Rio Grande. Le cliché a provoqué l’émoi et la colère au Mexique et aux Etats-Unis. « Vous avez déjà vu des corps flottants aussi propres ? », s’interroge l’auteur du message, estimant que la photo pourrait être manipulée.

Les méthodes de la police aux frontières sont décriées depuis les arrivées massives de migrants illégaux à la frontière avec le Mexique, qui ont saturé les structures de détention.

La colère des démocrates

« Il y a 20 000 agents du CBP AU TOTAL aux Etats-Unis. 9 500 – presque LA MOITIÉ – sont dans ce groupe Facebook secret raciste et violent. Ils menacent d’être violents contre des membres du Congrès. Comment, à votre avis, traitent-ils les enfants + familles en cage ? », a dénoncé Alexandria Ocasio-Cortez sur Twitter.

Elizabeth Warren et Bill de Blasio, candidats à l’investiture démocrate pour la prochaine élection présidentielle, en 2020, se sont émus et ont demandé des réponses aux CBP, écrit le Washington Post.

Dans un communiqué, le syndicat qui représente la grande majorité des agents du CBP a condamné ces contenus et demandé à ce que les élus soient respectés, mais il a aussi rejeté la comparaison avec les camps de concentration nazis.

Pour sa part, la patronne du CBP, Carla Provost, a dénoncé des messages « complètement inappropriés » et « contraires à l’honneur et à l’éthique » des agents. L’Agence fédérale de surveillance des frontières a annoncé qu’elle avait lancé une enquête sur ce groupe.