Baignade dans la fontaine du Trocadéro devant la tour Eiffel à Paris, le 28 juin 2019. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Le réchauffement de la planète à lui seul a rendu l’épisode de canicule exceptionnelle qu’a connu la France la semaine dernière « au moins cinq fois plus probable » que si l’être humain n’avait pas altéré le climat, selon les analyses d’une équipe de scientifiques européens.

Un tel événement en juin est en réalité au moins dix fois plus fréquent si l’on observe les données des cent dernières années, mais les modèles ne permettent pas de déterminer précisément quelle est la part attribuable aux effets du changement climatique ou à d’autres facteurs, ont indiqué ces chercheurs du réseau World Weather Attribution.

« C’est au moins cinq fois plus probable en raison du changement climatique dû aux activités humaines et au moins dix fois plus probable de manière générale, quand on ajoute d’autres facteurs » comme le rôle des sols ou des îlots de chaleur urbains, a précisé Friederike Otto, du Environmental Change Institute d’Oxford.

Notant la difficulté des modèles climatiques à prendre en compte l’ensemble de ces facteurs, ils ont adopté une conclusion prudente pour la part attribuable au changement climatique.

Des canicules plus intenses

Les scientifiques de ce réseau ont pris comme référence les trois jours consécutifs les plus chauds en juin en France, les 26, 27 et 28 juin, avec une moyenne de 27,5 °C (moyenne des températures jour et nuit sur l’ensemble du territoire métropolitain) et les ont comparés aux autres périodes consécutives de trois journées de canicule en juin depuis 1901.

Ils ont aussi noté une intensification de ces canicules. Ainsi, « en juin, il semble que les canicules se soient réchauffées de 4 °C par rapport à il y a soixante ou cent ans », a indiqué Geert Jan van Oldenborgh, du Royal Netherlands Meteorological Institute, se montrant surpris de ces résultats.

Une canicule exceptionnelle et particulièrement intense pour un mois de juin a fait étouffer une partie de l’Europe la semaine dernière, en particulier la France, qui a enregistré, le 28 juin, un record absolu depuis le début des mesures, avec 45,9 °C à Gallargues-le-Montueux (Gard).

De manière générale, les scientifiques se montrent réticents à attribuer au seul dérèglement climatique la survenue d’un événement météo extrême, quel qu’il soit. Toutefois, de plus en plus de recherches sont conduites pour déterminer a posteriori si un événement aurait pu ne pas se produire sans le changement climatique causé par les activités humaines.

Les chercheurs du World Weather Attribution ont décidé d’aller plus vite et de ne pas attendre la fin de certains événements pour lancer leurs calculs. Juste après la canicule qui avait frappé l’Europe au milieu de l’été 2018, ils avaient ainsi estimé que la probabilité de telles vagues de chaleur, ou même plus chaudes, était deux fois plus élevée que si l’être humain n’avait pas altéré le climat.