Le mémorial du génocide à Gisozi, à Kigali, au Rwanda, le 6 avril 2019. / Baz Ratner / REUTERS

Un juge fédéral américain de Boston a condamné lundi 1er juillet un Rwandais lié au génocide de 1994 à plus de huit ans de prison pour fraude à l’immigration et parjure. Jean Léonard Teganya, 47 ans, a été reconnu coupable en avril pour deux chefs d’accusation de fraude à l’immigration et trois chefs d’accusation de parjure, selon un communiqué du département de la Justice.

Il a été « reconnu coupable et condamné pour la plus grave forme de fraude à l’immigration : mentir sur son statut de criminel de guerre pour obtenir l’asile aux Etats-Unis », a dit le procureur Andrew Lelling. Jean Léonard Teganya « a commis des crimes terribles durant le génocide au Rwanda et a ensuite menti aux autorités chargées de l’immigration sur son passé », a affirmé le procureur, évoquant les preuves présentées durant le procès.

Perpétré entre avril et juillet 1994, le génocide au Rwanda a fait quelque 800 000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés. A l’époque, Jean Léonard Teganya était étudiant en médecine à l’université nationale du Rwanda et membre du parti au pouvoir, le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND) dominé par les Hutu, qui a incité au génocide.

Meurtres de sept Tutsi

Quand les massacres ont commencé, Jean Léonard Teganya a « dirigé des groupes de soldats » et des jeunes sympathisants pro-pouvoir autour d’un hôpital pour « identifier les patients tutsi ainsi que d’autres qui avaient trouvé refuge ». Une fois repérées, ces personnes « étaient conduites derrière l’immeuble abritant la maternité et tuées », poursuit le communiqué du département de la justice.

Jean Léonard Teganya a participé aux meurtres de sept Tutsi. Il a également violé deux femmes tutsi, selon la même source. A la mi-juillet 1994, il a fui le Rwanda, a traversé l’Afrique pour parvenir en Inde et s’est finalement rendu au Canada où il a demandé l’asile en 1999. « A deux reprises, les autorités canadiennes ont établi que Jean Léonard Teganya n’était pas en droit d’obtenir l’asile pour avoir été complice dans des atrocités », poursuit le communiqué.

En 2014, alors qu’il faisait l’objet d’un ordre de déportation, Jean Léonard Teganya a réussi à franchir la frontière aux Etats-Unis, où il a demandé l’asile. Il ne mentionne pas son appartenance au MRND ni ses activités durant le génocide. Il sera déporté après avoir purgé ses 97 mois de prison, a-t-on indiqué de source officielle.