Le nouveau président du Parlement européen David Sassoli, lors de la conférence de presse qui a suivi son élection le 3 juillet 2019. / Jean-Francois Badias / AP

Elu mercredi après-midi à la présidence du Parlement européen au deuxième tour de scrutin, avec 345 voix, l’eurodéputé italien David Sassoli (PD-PSE) a commencé son discours de remerciements par un éloge de son prédécesseur et compatriote, Antonio Tajani (Forza Italia-PPE), avec qui il présente plusieurs points communs.

D’abord, tout comme lui, David Sassoli est journaliste de profession. Il a été l’un des visages les plus connus de l’audiovisuel public italien pour lequel il a travaillé plus de 20 ans, présentant au milieu des années 2000 le prestigieux journal télévisé de 20 heures de Rai 1. Ensuite, son parcours journalistique est intimement lié à un engagement politique qui remonte à la prime jeunesse. Né à Florence en 1956 d’une famille originaire de la ville voisine de Calenzano et liée à la démocratie chrétienne de Giorgio La Pira – qui fut maire de Florence –, religieuse mais très ouverte aux discussions avec les laïcs et la gauche, il a grandi à Rome sans renier cette parenté intellectuelle.

Prêt à réformer les accords de Dublin sur l’immigration

Il est entré en politique active sous le parrainage du maire de Rome du début des années 2000, Walter Veltroni, et a participé à la fondation du Parti démocrate (PD) en 2007. En 2009, il est élu au Parlement européen. Il tentera sans succès de se faire désigner comme candidat du PD à la mairie de Rome, en 2012, ce qui reste sa dernière tentative en date sur la scène politique nationale. A l’échelle européenne, il s’engagera pleinement dans la vie du Parlement, où il s’attirera une réputation de parlementaire travailleur et consensuel.

Dans son premier discours en tant que président du Parlement européen, David Sassoli a affirmé mercredi sa volonté de parvenir à une réforme des accords de Dublin sur les demandeurs d’asile et assuré que « sous [sa] présidence, le Parlement sera toujours ouvert aux ONG ». Des propos qui n’ont pas été du goût de l’homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), qui semble peu apprécier le fait que le seul visage de l’Italie au sommet des institutions européennes soit l’un de ses adversaires politiques.

Dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook, le ministre de l’intérieur a ironisé sur cette élection qui, selon lui, ne respecte ni le vote des Italiens ni celui des Européens. « Là-bas, ils continuent à se répartir les postes », a-t-il ensuite accusé. Il est vrai qu’au sein du Parlement européen, affilié à un groupe marginal de 73 eurodéputés et sans alliés à l’extérieur de celui-ci, Matteo Salvini n’a aucun moyen de peser. Le PD, en revanche, est dans l’opposition en Italie et loin derrière la Ligue dans les sondages, mais sa délégation est la deuxième du groupe social-démocrate au Parlement, qui est membre de la coalition majoritaire. Autrement dit : il pèse beaucoup moins en Italie, mais beaucoup plus en Europe.