Les attaquantes Stina Blackstenius et Sofia Jakobsson ont toutes les deux été buteuses face à l’Allemagne, la « bête noire » de la Suède, samedi 29 juin à Rennes. / LOIC VENANCE / AFP

Elle a connu une saison difficile avec son club. La Suédoise Stina Blackstenius a pourtant inscrit deux buts capitaux pour son pays depuis le début de la Coupe du monde. Contre le Canada (1-0) en huitièmes de finale, sa réalisation à la 55e minute a permis de qualifier son équipe. Puis, lors des quarts de finale, l’attaquante a marqué le but de la victoire face à l’Allemagne (2-1), « bête noire » de la Suède dans les compétitions internationales.

Mercredi 3 juillet, à Lyon (à 21 heures), Stina Blackstenius et ses coéquipières rencontreront les Pays-Bas pour tenter de décrocher une place en finale. Le « réveil » de l’attaquante tombe à point nommé pour une équipe de Suède orpheline de sa vedette Lotta Schelin, meilleure buteuse de l’histoire de la sélection, mais désormais « retraitée » depuis août 2018.

Un arrêt qui n’a pas été simple à compenser. A la veille du Mondial, l’efficacité de l’équipe suédoise, qui s’appuie principalement sur une défense solide et un jeu de contre-attaque rapide, suscitait un certain scepticisme. « Tout le monde se disait que ce serait difficile, rappelle Lotta Schelin. La plupart des gens ne pensaient pas que l’équipe irait aussi loin, c’est une surprise. La Suède a baissé dans le classement FIFA dernièrement. Elle était quatrième et elle est maintenant neuvième. »

Regain de confiance pour Blackstenius

Les interrogations ont particulièrement porté sur une attaque où « certaines joueuses, comme Stina Blackstenius n’étaient pas au rendez-vous », analyse Anders Sännas, journaliste suédois pour le quotidien Dagens Nyheter. « Or, nous n’avions pas beaucoup d’autres options, poursuit-il. Si nous ne jouions pas avec elle à la pointe de l’attaque, nous aurions dû la remplacer par des joueuses telles que Fridolina Rolfö ou Lina Hurtig. Mais celles-ci n’ont pas le même profil. »

Si le niveau de jeu de Stina Blackstenius n’a pas été celui espéré au début du Mondial, c’est probablement en partie en raison d’une saison compliquée au sein du Montpellier HSC où elle était arrivée en janvier 2017. La buteuse a eu du mal à s’imposer dans l’attaque montpelliéraine.

A la suite de cet échec, elle est retournée dans son précédent club de Linköping, en janvier cette année. « Pour reprendre confiance, elle devait se ressourcer dans un environnement qu’elle connaissait bien », explique Anders Sännas.

Ce n’est que lors du match contre le Canada, en huitièmes de finale, que l’internationale suédoise, médaillée d’argent avec la sélection nationale aux JO de Rio en 2016, a retrouvé sa confiance. A la 55e minute, bien servie en profondeur par sa coéquipière Kosovare Asllani, elle remportait son duel face à la gardienne adverse et qualifiait son pays pour le tour suivant. Une libération pour la buteuse.

Jakobsson de retour de blessure

Manque de confiance pour certaines, soucis personnels pour d’autres. L’autre attaquante suédoise, Sofia Jakobsson, a elle aussi vécu plusieurs saisons difficiles. Privée de l’Euro 2017 en raison d’une rupture des ligaments croisés, elle a peiné à retrouver son meilleur niveau au Montpellier HSC où elle évoluait depuis 2014 et qu’elle a décidé de quitter à la fin de la saison écoulée.

S’est ajouté à cela l’accident dont a été victime son frère en septembre 2018, qui a perturbé sa dernière saison en club. Après la victoire de la Suède en quarts de finale face à l’Allemagne, elle a d’ailleurs dédié son but, une frappe croisée du droit à la 22e minute de jeu, à son frère. La joueuse aux 105 sélections affirmait également être « vraiment très heureuse de participer à cette Coupe du monde après tout ce qui s’est passé ».

Lors des derniers matchs de ce Mondial – et particulièrement face à l’Allemagne – le duo Jakobsson-Blackstenius a montré l’étendue de son apport et de son impact, exploitant les espaces laissés par les adversaires pour attaquer. « Si elle n’a pas une grosse technique ni une énorme adresse devant le but, elle mise sur la vitesse et joue à l’instinct et peut marquer des buts de fou », expliquait, en début de Mondial à propos Sofia Jakobsson, Jean-Louis Saez, l’entraîneur de la section féminine du Montpellier HSC, interrogé par l’Agence France-Presse.

« Ce sont deux joueuses qui se connaissent bien, elles ont acquis des automatismes à force de jouer ensemble. De plus, leur jeu est très similaire, ce qui leur permet de bien se comprendre », observe Lotta Schelin.

Pour Anders Sännas, le pari de faire oublier Lotta Schelin semble réussi. « Blackstenius et Jakobsson sont toutes deux aussi rapides que Schelin. Blackstenius est également plus forte dans la surface que ne l’était Schelin. La relève est assurée. »

Ce mercredi soir contre les Pays-Bas, elles devront continuer sur leur lancée pour espérer rencontrer les Etats-Unis en finale dimanche et, peut-être, remporter leur première couronne mondiale.

Eline Wisnicki