Jugé pendant deux semaines pour crimes de guerre par un tribunal militaire de San Diego en Californie, un sous-officier des forces spéciales américaines a été reconnu mardi 2 juillet « non coupable » du meurtre à coups de couteau d’un prisonnier adolescent lors d’une mission en Irak en 2017.

Egalement acquitté pour deux tentatives de meurtre sur des civils irakiens, Edward Gallagher, 40 ans et bardé de médailles, a en revanche été reconnu coupable d’avoir posé à côté du corps du jeune homme en compagnie d’autres soldats.

Le chef Gallagher, membre des « Navy SEALs », célèbres commandos de la Marine américaine, doit ressortir libre après cette condamnation, passible d’une peine maximale de quatre mois de prison, car il a déjà passé neuf mois aux arrêts sur une base navale lors de l’instruction du dossier.

« Cabale »

Edward Gallagher risquait la prison à vie et a toujours démenti les accusations portées contre lui. Ses avocats ont affirmé tout le long du procès qu’il a été victime d’une « cabale » ourdie par des subordonnés souhaitant son départ.

Les faits qui lui étaient reprochés portaient sur sa présence en 2017 à Mossoul, en Irak, où des troupes américaines avaient été déployées aux côtés des forces irakiennes pour reprendre des quartiers de la ville aux mains des combattants du groupe Etat Islamique (EI).

Le chef Gallagher était notamment accusé d’avoir tué, de plusieurs coups de couteau au cou et à la poitrine, un prisonnier adolescent pendant qu’il recevait des soins.

Accusé surprise

Lors du procès, un autre Navy SEAL appelé à la barre pour témoigner avait créé la surprise le 20 juin en s’accusant du meurtre du prisonnier.

Corey Scott avait affirmé au tribunal que si M. Gallagher avait bien poignardé la victime, c’était lui-même qui avait causé sa mort par asphyxie en bouchant avec son pouce le tube inséré dans la trachée du blessé pour l’aider à respirer. Il a affirmé avoir ainsi voulu épargner au prisonnier des tortures que des membres des forces armées irakiennes allaient, selon lui, lui infliger.

Corey Scott n’a jamais endossé la responsabilité du meurtre lorsqu’il a été interrogé par les enquêteurs de la Marine, a relevé l’accusation, qui estime que le soldat a menti pour couvrir son chef. Corey Scott faisait partie des témoins ayant obtenu l’immunité. Aux yeux de nombreux Américains, Edward Gallagher faisait figure de héros de guerre injustement poursuivi.

Un groupe de parlementaires a fait campagne pour sa remise en liberté, campagne relayée par la chaîne de télévision Fox News, prisée des conservateurs, et le président Donald Trump lui-même s’était ému du sort réservé au soldat, évoquant la possibilité de le gracier s’il était condamné.