Le camp de Roms attaqué, à Bobigny, le 27 mars. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Les rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux s’étaient soldées de façon dramatique dans la vie réelle. Six hommes ont été condamnés, mercredi 3 juillet, à des peines allant jusqu’à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bobigny.

Ils comparaissaient pour avoir voulu attaquer un campement rom après la propagation sur les réseaux sociaux de rumeurs d’enlèvements d’enfants, par des personnes issues de la communauté rom, circulant à bord de camionnettes, dans des communes d’Ile-de-France, notamment dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis.

Le 25 mars, vers 1 heure du matin, ces six hommes âgés de 23 à 26 ans, originaires de Chelles (Seine-et-Marne), avaient été interpellés alors qu’ils fuyaient les abords d’un campement de Roms à Bobigny. L’un deux avait une brique dans sa poche. Fin mars, plusieurs camps et squats abritant des membres de cette communauté avaient été pris pour cibles, notamment en Seine-Saint-Denis. Des attaques qualifiées de « dérives inacceptables » par le gouvernement.

Parmi les six prévenus, celui qui était considéré par le parquet comme « le meneur » de l’« expédition punitive » a été condamné à six mois de prison ferme. Il avait posté sur les réseaux sociaux une vidéo où l’on voyait des véhicules en train de brûler sous un bandeau « Ce soir c’est la guerre ». Trois autres ont été condamnés à cinq mois de prison ferme et deux d’entre eux à cinq mois avec sursis. Le parquet avait requis jusqu’à sept mois de prison ferme.

Trente-huit agressions

SOS-Racisme, qui s’est constituée partie civile aux côtés d’associations antiracistes (La voix des Rroms, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, la Ligue des droits de l’homme), « se satisfait de ce délibéré au regard des condamnations prononcées », fait savoir Ivan Terel, avocat de l’association dans cette affaire, dans un communiqué. « Il semble que le tribunal a tenu compte du mobile raciste des faits, même si la circonstance aggravante n’a pas été formellement retenue », précise-t-il, sachant que les victimes étaient visées en raison de leur origine.

Ces six hommes professionnellement insérés (manageur dans une boutique de chaussures de sport, apprenti conducteur de train, manageur dans un fast-food…) ont également été condamnés à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à l’association La voix des Rroms, qui avait recensé trente-huit agressions lors de cette vague de violences. Ils devront aussi verser solidairement un euro aux autres parties civiles.

Mi-avril, le tribunal correctionnel de Bobigny a déjà condamné trois prévenus à des peines allant jusqu’à dix mois de prison ferme pour une expédition punitive menée dans un squat à Clichy-sous-Bois. Deux étudiants âgés de 19 ans seront jugés le 23 octobre, à Bobigny également, pour des violences contre des Roms fin mars.