Quatorze marins sont morts dans un incendie à bord d’un sous-marin de recherche de l’armée russe, basé dans le Grand Nord russe, ont fait savoir les autorités mardi 2 juillet.

L’armée n’a donné que très peu de détails sur l’accident survenu lundi 1er juillet dans un mystérieux submersible destiné, selon la version officielle, à l’étude des environnements marins et du fond des océans.

Mercredi, le Kremlin a annoncé que les informations détaillées sur l’incendie « ne ser[aie]nt pas rendues publiques », invoquant le « secret d’Etat ». « Cette information ne peut être rendue totalement publique. Elle se trouve dans la catégorie du secret d’Etat », a expliqué aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le président Vladimir Poutine, très critiqué en 2000 pour sa gestion de la catastrophe du Koursk, a évoqué une « grande perte pour la marine et pour l’armée dans son ensemble », lors d’une séquence télévisée avec le ministre de la défense, Sergueï Choïgou. Il a ordonné au ministre de se rendre à Severomorsk, port militaire de l’Arctique russe, pour « établir les causes de cette tragédie ».

Le sous-marin est rentré au port

Les autorités norvégiennes ont annoncé avoir été informées d’« une explosion de gaz, confirmée par les autorités russes », selon la déclaration à l’Agence France-Presse de Per Strand, directeur de l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire norvégienne, sans donner davantage d’informations.

Selon le ministère de la défense cité par les agences de presse russes, les quatorze personnes tuées, des sous-mariniers de l’armée russe, ont été intoxiquées par les émanations dues à l’incendie. Le feu a été maîtrisé et le sous-marin est rentré dans son port d’attache, ce qui sous-entend qu’il y a des rescapés.

Selon des sources citées par les journaux russes RBK et Novaïa Gazeta, le submersible en question est le sous-marin nucléaire AS-12, surnommé Locharik, un engin secret conçu pour la recherche et les opérations spéciales en grandes profondeurs. Il est basé dans la ville fermée de Severomorsk, dans la région de Mourmansk, dans l’Arctique.

Le traumatisme du « Koursk »

Cet accident rappelle la tragédie du sous-marin à propulsion nucléaire Koursk, fleuron de la flotte russe du Nord, qui avait sombré lors de manœuvres en mer de Barents avec 118 hommes à bord le 12 août 2000, au début du premier mandat de M. Poutine.

Une des torpilles avait explosé, entraînant la détonation du stock entier de munitions et envoyant le bâtiment par 110 mètres de fond. Vingt-trois membres d’équipage avaient survécu plusieurs jours mais étaient morts faute d’avoir été secourus à temps.

La catastrophe du Koursk reste, à ce jour, la pire qu’ait connue la marine russe de l’ère post-soviétique, et un fait marquant des débuts au pouvoir du maître du Kremlin.

Sur les dix dernières années, trois incendies se sont déclarés sur des sous-marins russes en réparation. Les spécialistes relèvent des problèmes de discipline et de respect des normes de sécurité sur les chantiers navals.

La Russie ne cesse de renforcer sa présence dans l’Arctique, où elle espère devenir la première puissance économique et militaire en profitant notamment du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, qui devrait ouvrir de nouvelles routes commerciales dans le Grand Nord.

Elle a rouvert ces dernières années dans la région plusieurs bases militaires qui avaient été abandonnées à la chute de l’URSS et renforcé les effectifs de sa flotte du Nord.