Un charnier avec environ 200 corps, dont ceux de personnes apparemment exécutées, a été découvert près de Rakka, ancienne « capitale » du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, ont annoncé mercredi 3 juillet les autorités locales et une ONG.

Cinq corps habillés d’une combinaison orange, tenue parfois portée par les otages de l’EI, ont été également retrouvés, selon Yasser Al-Khamees, un responsable local, et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Ils ont été menottés et abattus d’une balle dans la tête », a déclaré M. Khamees, à la tête d’une équipe de secouristes. Leur mort remonte à deux ans, a-t-il ajouté, précisant qu’il n’était pas possible d’identifier les corps dans l’immédiat.

Trois corps de femmes, qui semblent avoir été lapidées, ont également été retrouvés, selon M. Khamees et l’OSDH. « Leurs crânes ont subi de graves fractures, avec des marques de lapidation », a expliqué le secouriste.

Son équipe a découvert début juin la fosse commune, située au sud de Rakka, explique-t-il. Si 200 corps ont déjà été exhumés, le charnier pourrait contenir au total plus de 800 victimes, d’après lui. Cette découverte pourrait permettre d’identifier des personnes jusque-là portées disparues, ou d’éclaircir les circonstances de la mort de milliers d’autres, dont des étrangers capturés par l’EI.

3 500 corps découverts en janvier

L’EI a contrôlé pendant trois ans Rakka, imposant sa propre interprétation de la loi islamique, jusqu’à ce que les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes et soutenues par les Etats-Unis, en délogent les derniers djihadistes le 17 octobre 2017. Quiconque osait violer les règles des djihadistes ou était suspecté de travailler contre eux était emprisonné ou tué.

En janvier, toujours près de Rakka, un charnier renfermant près de 3 500 corps a été découvert. Il s’agit pour l’instant de la plus grande fosse commune de l’EI. Huit autres fosses communes ont déjà été recensées autour de la cité du nord de la Syrie, dont une surnommée « Panorama » et contenant plus de 900 corps exhumés.

La reconquête par les FDS en mars dernier du village syrien de Baghouz a marqué la fin du califat autoproclamé par l’EI sur de vastes territoires à cheval entre ce pays et l’Irak voisin. Selon une estimation de l’ONG Human Rights Watch datant d’octobre 2018, entre 3 000 et 5 000 personnes arrêtées par l’EI en Syrie et en Irak sont encore portées disparues.

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