Michèle Hery, dans "La Minute Vieille", saison 8. / ARTE

ARTE - Jeudi 4 Juillet - 20 H 48. SÉRIE

« Rare quand même une chaudasse pareille », lance une mamie plutôt BCBG, chignon blanc et survêtement rose orné d’un gros collier doré. « Elle hurle de plaisir ! » s’enthousiasme une deuxième grand-mère, coiffure à la Agnès Varda. « Une folle du cul comme ça, ça ne se refuse pas », déclame posément la troisième, mince, vêtue d’un pull vert et jaune hors d’âge : La Minute Vieille est de retour pour une huitième saison sur Arte. Trente épisodes de deux minutes et autant d’histoires plutôt corsées, contées dans un enchaînement savamment rythmé, par quatre vieilles dames délurées.

Tout est bien sûr dans le décalage. « J’ai fonctionné par antinomie. Je me suis demandé ce qui était le plus éloigné d’une blague de cul… Réponse : une vieille », expliquait au lancement de la série, à l’été 2012, l’auteur et réalisateur Fabrice Maruca à Télé Obs. Pour les textes, étant incapable d’inventer des blagues, il a pioché dans le riche patrimoine français des histoires drôles. « J’en ai pris de partout, de copains, de la famille », détaille-t-il au Monde, avant de les « pimenter » à sa sauce.

Toujours aussi ridées et piquantes

Six ans plus tard, l’effet de surprise laisse place au plaisir de retrouver les quatre excellentes actrices, Anna Strelva (la « bourge », ancienne pensionnaire de la Comédie-Française), Claudine Acs, la plus « vieillotte », Michèle Hery (la blonde gouailleuse) et Sophie Sam, qui a commencé dans Les Cinq Dernières Minutes (1958) et succédé à Nell Reymond (décédée en 2015).

Le temps ne semble pas avoir de prise sur elles, toujours aussi ridées et piquantes. Ce qui n’était pas gagné. Pour y parvenir, l’auteur a effectué des changements par petites touches. « Après trois années passées “chez elles”, les mamies sont parties en vacances en France avant de se retrouver en 2019 à l’étranger », détaille Fabrice Maruca : en camping devant les pyramides d’Egypte, en appartement à New York, en Italie et au Japon.

Dans ces décors soignés, les changements d’accessoires constituent des gags à eux seuls. Pour n’en citer qu’un : aux sushis posés sur la table nippone de Sophie Sam succède une planche de bois cassée alors que la comédienne a la main bandée. Autre gimmick, les tee-shirts délirants de Michèle Hery, et son bob moche et mou.

Lire le focus (2014)  : La Minute vieille

Parallèlement, chaque saison a ses guest stars. En 2015, trois hommes ont su renouveler le genre en « Minutes Vieux » : Michel Galabru, Claude Brasseur et Michel Robin, suivis l’année suivante par Enrico Macias, Guy Marchand et Guy Roux, visiblement très heureux d’être là – à voir ou à revoir, comme l’intégralité des 206 épisodes de la série, sur Arte.tv. Cet été, Geneviève de Fontenay, Liliane Rovère et Andréa Ferréol ont lancé les trois premiers inédits, sans détrôner toutefois les « historiques ».

Côté textes, en revanche, le vocabulaire évolue peu. Pas de « nique ta race » ou de « fuck you ». « Non, je ne trouve pas ça drôle, répond Fabrice Maruca. Pour moi le dialogue doit être trash ou noir. Et de ce côté-là, je me suis un peu lâché. » Résultat – en toute modestie : « Plus ça avance, plus c’est drôle ! » Avec mention spéciale et totalement subjective pour « Le dîner de la vérité », « Le nageur insolite » et « Le boss de la cité ». Moins drôle : il n’y aura pas de saison 9. Et l’auteur affirme que ce n’est pas une blague.

Série de Fabrice Maruca (Fr., 2019, 30 × 2 min). Jusqu’au 1er septembre 2019 et disponible sur Arte.tv et sur YouTube jusqu’en 2023.

www.arte.tv/fr/videos/RC-014408/la-minute-vieille