Devant l’usine Ford à Blanquefort (Gironde) en février 2019. / GEORGES GOBET / AFP

La cour d’appel de Bordeaux a offert, jeudi 4 juillet, à la CGT-Ford Blanquefort une victoire largement symbolique en confirmant que le groupe américain n’avait pas respecté un engagement de maintenir 1 000 emplois sur son site girondin, qu’il destine à la fermeture, entre 2013 et 2018.

La décision « confirme que [Ford] avait bien pris un engagement ferme de maintenir 1 000 emplois sur le site de Blanquefort jusqu’au 31 mai 2018, engagement que Ford a cessé de respecter depuis 2016 », a précisé Me Olivier Meyer, avocat du syndicat dans cette procédure entamée avant l’annonce par le constructeur de son intention de fermer l’usine de boîtes de vitesses.

La cour a confirmé la condamnation de Ford en première instance à payer à la CGT 3 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros au titre des frais de justice. Elle a ajouté en appel 1 000 euros à cette dernière somme.

Cette décision mettra un peu de baume au cœur à la CGT-Ford Blanquefort, qui a essuyé un revers mardi quand le tribunal de grande instance de Bordeaux s’est déclaré incompétent pour contrôler si le constructeur automobile américain avait bien un motif économique pour fermer son usine (872 salariés). Le syndicat a décidé de faire appel pour contester un « déni de justice ».

« 6 000 euros, qu’est-ce que c’est pour eux ? »

Mais la « victoire » jeudi du syndicat est toutefois pondérée par le fait que la période de cinq ans est arrivée à échéance l’an dernier et que Ford n’est donc plus tenu de respecter l’engagement en question. La CGT-Ford Blanquefort mène une guérilla juridico-politique contre le constructeur américain, qui a prévu de fermer au 1er octobre son usine implantée près de Bordeaux depuis 1972.

« On a certes gagné, le tribunal nous approuve quand on dit que Ford a menti », a souligné Vincent Alauze, délégué syndical CGT. « Mais ça ne va pas leur coûter très cher, cette histoire… 6 000 euros, qu’est-ce que c’est pour eux ? »

« En tout cas, on peut penser que si les pouvoirs publics [qui ont versé de l’argent au constructeur dans le cadre de cet “engagement” de cinq ans] étaient allés au tribunal, ils auraient gagné eux aussi, a regretté le syndicaliste. Encore une fois, on voit que les pouvoirs publics laissent Ford faire ce qu’il veut. C’est le message qui est donné aux multinationales : c’est bon, faites tout ce que vous voulez… On se sent délaissés. »

L’abandon par Ford de ce site emblématique fait partie d’un plan de restructuration européen qui entraînera, au total, la suppression de 12 000 emplois et la fermeture de six usines d’ici fin 2020.