Les images, difficilement soutenables, mettent en lumière les conditions de détention indigentes dans les prisons irakiennes. L’organisation Human Rights Watch (HRW) a critiqué, jeudi 4 juillet, les autorités pénitentiaires du pays pour les conditions « dégradantes » dans lesquelles sont emprisonnés plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, dans des prisons surpeuplées.

Dans un communiqué, l’organisation de défense des droits humains a dit avoir obtenu des photographies de la prison de Tal Keif dans la province de Ninive (nord). Les clichés dévoilent que cet établissement, ainsi que ceux de Faisaliyah et de Tasfirat, ne respecte pas les standards internationaux.

L’une des photographies montre des dizaines d’adolescents entassés dans une cellule de la prison de Tal Keif, pour certains recroquevillés en position fœtale. Sur un autre cliché, des femmes et des enfants hagards sont massés dans une pièce, dont les murs sont recouverts de vêtements qui pendent.

Des morts en détention

« Il y a deux ans, nous avons documenté des morts en détention simplement en raison de la surpopulation », rapporte à l’Agence France-Presse Belkis Wille, chercheuse en Irak pour HRW. « Le fait de voir que ce type de conditions de détention persiste montre que la population carcérale est toujours menacée. C’est incroyablement frustrant », estime-t-elle.

Selon HRW, environ 4 500 personnes sont détenues dans les prisons de Tal Keif, Faisaliyah et Tasfirat — la plupart pour terrorisme —, soit presque le double de leur capacité d’accueil de 2 500 personnes. Presque un tiers des détenus ont déjà été condamnés et auraient dû être transférés vers Bagdad, pour certains il y a six mois.

Faute d’espace permettant de se rencontrer, les prisonniers n’ont pas la possibilité de voir leurs avocats, d’après un expert irakien ayant visité ces prisons et fourni les photographies à HRW.

20 000 détenus liés à l’EI

Bagdad a déclaré la victoire sur le groupe Etat islamique (EI) fin 2017 mais continue de procéder à des arrestations de membres présumés de l’organisation terroriste, notamment dans la province de Ninive, dont le chef-lieu, Mossoul, était autrefois la « capitale » des djihadistes en Irak.

Les autorités ne diffusent pas de données sur les prisons et les détenus, mais certaines études estiment à 20 000 le nombre de personnes emprisonnées en Irak pour des liens présumés avec l’EI.

Le système carcéral irakien est critiqué de longue date, des membres des forces de sécurité étant accusés de torturer les prisonniers pour obtenir des aveux. « Les autorités doivent s’assurer que les conditions dans les prisons irakiennes ne nourrissent pas davantage de griefs dans le futur », estime Lama Fakih, directrice adjointe de HRW pour le Moyen-Orient.