Le polémiste Dieudonné M’Bala M’Bala lors de son procès pour fraude fiscale et blanchiment d’argent, le 1er avril 2019. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le polémiste Dieudonné M’Bala M’Bala, soupçonné notamment d’avoir détourné plus d’un million d’euros de recettes non comptabilisées de ses spectacles, a été condamné vendredi 5 juillet à Paris pour fraude fiscale, blanchiment ou encore abus de biens sociaux à trois ans de prison, dont un avec sursis, et 200 000 euros d’amende. Avec deux ans de prison ferme, la décision du tribunal correctionnel de Paris est plus lourde que les dix-huit mois requis par le procureur.

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné sa compagne Noémie Montagne, en tant que gérante de droit de leur société des Productions de la plume, à 18 mois d’emprisonnement avec sursis notamment pour fraude à la TVA et abus de biens sociaux aux dépens de cette société. Et les Productions de la plume ont été condamnées à 50 000 euros d’amende pour soustraction au paiement de la TVA. « Bien entendu, il va y avoir un appel », a commenté l’avocate de Noémie Montagne, Isabelle Coutant-Peyre, dénonçant une « justice instrumentalisée par le pouvoir politique ».

Au cours du procès, qui s’est déroulé de fin mars à début avril, le polémiste a fait valoir son droit de garder le silence. Il aurait détourné des recettes en liquide de ses spectacles, blanchi une partie de cet argent en l’envoyant à l’étranger et minoré ses revenus sur ses déclarations d’impôt. Son théâtre parisien de La Main d’Or, dont il a depuis été expulsé, ne possédait ni caisse enregistreuse ni terminal de paiement bancaire. Selon le parquet, il s’agissait d’« une organisation entièrement tournée vers l’encaissement occulte des espèces ».

Un personnage polémique

Depuis 1997, Dieudonné M’Bala M’Bala « est quasiment en délicatesse constante avec l’administration fiscale », avait rappelé l’un des procureurs, quand ses avocats rétorquaient qu’il a réglé, depuis, quelque 2 millions d’euros d’impôts. L’Etat comme le parquet ne reprochent toutefois aucune fraude à l’impôt sur la fortune à Dieudonné, alors qu’il était également poursuivi pour cela.

La défense, qui s’est attachée à démontrer que tout est en règle, considère pour sa part que l’Etat a téléguidé les poursuites à l’époque où les spectacles de Dieudonné suscitaient une virulente polémique en France, fin 2013 et début 2014. Le polémiste avait alors été taxé d’antisémitisme et poursuivi à plusieurs reprises pour ce motif.

L’un des avocats de Dieudonné, David de Stefano, a accusé le parquet de « dénaturation », d’« invention » ou de « confusion » des faits. « Il ne s’agit pas d’un procès politique », avaient répliqué les procureurs en dénonçant le « positionnement victimaire » des prévenus.