En attente des résultats du baccalauréat devant le lycée Albert-Schweitzer, le 5 juillet 2019. / ÉRIC NUNÈS / « Le Monde »

Il n’est pas encore 10 heures du matin, vendredi 5 juillet, quand devant les grilles du lycée Albert-Schweitzer, au Raincy (Seine-Saint-Denis, académie de Créteil), des dizaines de lycéens et parents d’élèves se pressent pour découvrir les résultats de l’édition 2019 du baccalauréat. Les minutes s’égrainent lentement et comme il est d’usage lors de ce traditionnel affichage des résultats, « on stresse », reconnaît un lycéen.

Mais cette année, on stresse un peu plus que les autres, car des jurys de plusieurs académies (en particulier Créteil, Versailles, Bordeaux, Toulouse, Poitiers) ont été « bloqués ». Un communiqué affiché sur la grille de l’établissement sème l’inquiétude : « En raison de la rétention des notes du baccalauréat de la part de quelques évaluateurs, certains bacheliers se sont vu attribuer une note provisoire… ». Pour ceux-là, les notes définitives ne seront connues que lundi 8 juillet à 16 heures. Autour de la grille, lycéens et parents s’agacent. « Les professeurs jouent avec nos nerfs », estime Mme Habib, venu soutenir sa fille, élève de terminale L.

Retenir les notes, « c’est prendre les élèves en otage », juge Mme Coulin, en attendant, avec sa fille, l’ouverture des portes. « Otage » : le mot revient dans la bouche de plusieurs parents. « C’est une année de stress, poursuit Mme Sabon. Nous avons déjà eu à gérer la question de l’orientation avec Parcoursup, puis nous avons subi la menace d’un mouvement de grève pendant les épreuves. Et maintenant on nous annonce des résultats provisoires… », s’agace-t-elle.

« La prolongation de l’attente, c’est relou », déclare Adrien Azoulay, élève de terminale dans ce lycée de Seine-Saint-Denis. Qui sont les jeunes qui auront aujourd’hui leurs notes définitives, qui sont ceux qui devront attendre encore plusieurs jours pour les connaître ? Quelques minutes avant les résultats, Thomas Denantes, lycéen, espère que cela ne va pas « lui tomber dessus ». Le bac, c’est fini : il aimerait passer à autre chose. « Les élèves attendent d’être libérés de ce poids », commente Mme Coulin.

L’attente des résultats du baccalauréat « est toujours un moment de stress », relativise un professeur d’histoire-géographie gréviste, qui s’est mêlé à la foule. Est-ce que la retenue de certaines notes est un facteur aggravant ? « Non, estime l’enseignant, les élèves savent qu’ils ne subiront aucun préjudice. Entre leur note à l’examen ou la moyenne de l’année, c’est la meilleure note qui sera retenue. » Cette option choisie par le ministère de l’éducation nationale est toutefois qualifiée par le professeur de « bidouillage ».

Côté lycéen, les soutiens aux évaluateurs qui n’ont pas livré leurs notes sont introuvables sur le trottoir du lycée Albert-Schweitzer. « La réforme du bac n’est pas “ouf”. Des enseignements vont être négligés et il y a un risque de dévalorisation du bac dans les académies en tension, comme Créteil. Mais en attendant, ce sont nous, les lycéens, qui payons, lâche Sarah. Et nous y sommes pour rien. »