Un addendum, un décret présidentiel… Après une semaine chaotique consacrée à la question controversée de la nationalité dans le recensement de 2020 aux Etats-Unis, Donald Trump est revenu à la charge, vendredi 5 juillet.

Interrogé par des journalistes sur la possibilité d’employer un décret présidentiel pour imposer cette question et contrer une décision de la Cour suprême, il a répondu : « Nous verrons ce qui se passera. (…) Nous pourrions commencer l’impression maintenant et peut-être faire un addendum après avoir obtenu une décision positive. Nous travaillons donc sur beaucoup de choses, y compris un décret. »

Il a justifié l’importance de cette question pour plusieurs raisons : « Premièrement, vous en avez besoin pour le Congrès, pour le découpage électoral. Ensuite, pour l’allocation des ressources fédérales : où vont les fonds, combien de personnes sont là ? Sont-ils tous citoyens [américains]. Vous en avez besoin pour plusieurs raisons. »

En mars 2018, l’administration Trump avait décidé de réintroduire une question sur la nationalité, abandonnée depuis le recensement de 1950, dans les formulaires pour le recensement de 2020.

Hésitations

La Cour suprême avait bloqué, le 27 juin, l’ajout de cette question, car elle a jugé « artificielles » les justifications fournies par l’administration Trump. Le président américain avait alors évoqué un possible report de l’impression des formulaires devant servir au recensement – qui doit se tenir tous les dix ans, selon la Constitution –, le temps de fournir de nouveaux arguments à la Cour. Puis le gouvernement avait annoncé, mardi, qu’il renonçait finalement à ajouter cette question. Donald Trump avait alors vivement rejeté la décision de son propre gouvernement.

Vendredi, le ministère américain de la justice a, de son côté, indiqué qu’il comptait présenter de nouvelles justifications juridiques afin de pouvoir poser la désormais fameuse question aux habitants répondant au recensement en 2020 : « Cette personne a-t-elle la citoyenneté américaine ? »

Pour l’administration, le temps presse, car les millions de formulaires pour le recensement sont déjà en train d’être imprimés et les enjeux sont immenses : le recensement conditionne l’octroi de 675 milliards de dollars de subventions fédérales et détermine le nombre de sièges alloués à chaque Etat américain à la Chambre des représentants, en fonction de la population.

Or l’ajout d’une question sur la nationalité, abandonnée il y a plus de soixante ans, pourrait pousser entre 1,6 et 6,5 millions d’immigrés à s’abstenir de participer ou à mentir sur le questionnaire, par peur, notamment pour les sans-papiers, d’être repérés, selon les experts du bureau du recensement.