Le gardien sud-africain Rowen Williams (D) attrape le ballon devant l’attaquant égyptien Mohamed Salah lors du match de 8e de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 (CAN) opposant l’Égypte et l’Afrique du Sud au Stade international du Caire dans la capitale égyptienne le 6 juillet 2019. (Photo by Khaled DESOUKI / AFP) / KHALED DESOUKI / AFP

Au coup de sifflet final, la vie s’est arrêtée. En une seconde, les cris, les chants, les danses, qui avaient commencé sous un soleil de plomb en début d’après-midi, ont brutalement cessé. Dans la nuit bouillante, une chape de silence s’est abattue sur le stade du Caire et ses 77 000 supporteurs pétrifiés. Il était 22 h 52, et l’Egypte venait de perdre sa Coupe d’Afrique. Sa Coupe !

Moins de dix minutes plus tôt, sur une contre-attaque parfaitement menée, Thembinkosi Lorch trompait le gardien égyptien Mohamed El Shenawy. Mais ils étaient où les « pharaons » ? ces joueurs qui avaient suscité les espoirs de tout un peuple en enchaînant trois victoires sans encaisser de but lors des phases de poule ?

Insultes et quolibets

Dans le silence de la nuit, certains se sont pris le visage entre les mains ; d’autres se sont effondrés à terre. Mo Salah, héros national, a traversé le terrain la tête basse et s’est engouffré dans les vestiaires sous les insultes et les quolibets.

Il a été transparent pendant ce match. Lui, l’homme admiré pour son humilité et sa générosité a t-il fait preuve de trop de suffisance face aux Sud-Africains ? Après deux défaites au premier tour, les Bafana Bafana, qui affronteront le Nigeria en quart de finale, faisaient figure de miraculés en se qualifiant en 8e de finale au bénéfice d’une place de meilleur troisième. « Mo Salah n’était vraiment pas au mieux de sa forme, déplore Ahmed Hesham, un supporteur égyptien à la sortie du stade. Avec Liverpool, il brille et il gagne la Ligue des Champions. Mais avec l’équipe égyptienne, on dirait qu’il a peur de se blesser. Ma déception est immense, il me faudra du temps pour m’en remettre. » Omar Addin, un Cairote d’une trentaine d’années, rappelle qu’il « n’était pas prévu de quitter la compétition aussi rapidement ». Et d’ajouter, encore incrédule, « je ne comprends pas ce qui s’est passé. Ce que je sais, c’est que les Egyptiens n’ont plus d’espoir, qu’ils n’ont plus rien à quoi se raccrocher. La prochaine grande compétition est dans trois ans, il va falloir être très patient. »

D’autres placent dorénavant leurs espoirs sur d’autres équipes. Chaimaa El Matrabi est marocco-égyptienne. « Après l’élimination du Maroc vendredi, c’est l’Egypte qui sort de la compétition, regrette t-elle en quittant les tribunes. Je vais me consoler en supportant l’Algérie… ». Car avec ou sans la puissance invitante, la compétition continue. Ce dimanche, deux rendez-vous de poids : Madagascar, une des belles surprises de la compétition sera opposé à la RDC et l’Algérie à la Guinée.