L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Kim Darroch, à Washington (Etats-Unis), le 18 janvier 2017. / PAUL MORIGI / AFP

La fuite n’est pas à l’origine d’une crise diplomatique mais l’incident est suffisamment embarrassant pour que le gouvernement britannique se confonde en regrets outrés. Dans le chaos politique qui règne outre-Manche, à la veille du remplacement de la première ministre démissionnaire Theresa May et alors que la date du Brexit, prévue à l’automne, approche, la fuite publiée par le Mail on Sunday sur les propos peu amènes tenus par l’ambassadeur du Royaume-Uni à Washington sur l’administration Trump dans des câbles diplomatiques n’aurait pas pu tomber plus mal.

« Nous avons pris contact avec l’administration Trump en expliquant que pour nous cette fuite est inacceptable, a déclaré aux journalistes le porte-parole de Mme May. Bien sûr, nous ne pouvons que regretter ce qui s’est passé. » Dans les documents publiés, l’ambassadeur Kim Darroch juge l’administration américaine « inepte » et « dysfonctionnelle ». En visite à Washington, le ministre britannique du commerce, Liam Fox, a dit à la BBC qu’il allait présenter des excuses à la fille du président des Etats-Unis, Ivanka Trump, qu’il doit rencontrer.

Une enquête ouverte

« Des fuites malveillantes de cette nature (…) peuvent vraiment nuire à la relation [entre Londres et Washington], ce qui peut avoir des conséquences pour notre sécurité », a-t-il souligné. La Grande-Bretagne espère justement conclure un accord commercial avec les Etats-Unis après son départ de l’Union européenne le 31 octobre. Interrogé sur Kim Darroch, Donald Trump a déclaré : « Nous ne sommes pas de grands fans de cet homme et il n’a pas bien servi le Royaume-Uni. (…) Je pourrais dire des choses à son sujet mais ça ne m’intéresse pas. »

Dans des notes confidentielles rédigées entre 2017 et ces dernières semaines, Darroch indique notamment que les informations qui circulent sur des luttes internes à la Maison Blanche sont pour la plupart conformes à la réalité. Il évoque notamment la confusion qui a régné selon lui le mois dernier au sein de l’administration américaine après la décision de Donald Trump d’annuler au dernier moment une frappe militaire contre l’Iran. « Nous ne pensons pas vraiment que cette administration va devenir plus normale, moins dysfonctionnelle, moins imprévisible, moins divisée, moins maladroite et moins inepte diplomatiquement », avait écrit l’ambassadeur britannique.

A Londres, plusieurs membres du gouvernement ont dit leur désaccord avec Kim Darroch. Le chef de la diplomatie, Jeremy Hunt, qui pourrait succéder à Theresa May à la tête du gouvernement à la fin du mois, a assuré ne pas partager la vision de l’ambassadeur mais a défendu le droit de ce dernier de s’exprimer franchement. Jeremy Hunt a promis que les responsables des fuites auraient des comptes à rendre, soulignant qu’il n’était pas question de porter préjudice à la « superbe relation » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qu’il a qualifiés de plus proche allié de Londres dans le monde. Une enquête a été ouverte pour établir l’origine des fuites.