Le pape François lors de la messe « pour les migrants » donné à la basilique Saint-Pierre, à Rome, le 8 juillet 2019. / VATICAN MEDIA / REUTERS

« Personne ne peut s’exonérer » de la responsabilité d’aider les migrants, a déclaré, lundi 8 juillet, le pape François, alors que se multiplient les incidents entre le gouvernement italien et les organisations humanitaires en Méditerranée.

A l’occasion du sixième anniversaire de son voyage à Lampedusa, île sicilienne où des dizaines de milliers de migrants en provenance d’Afrique du Nord sont arrivés ces dernières années, le pape a célébré lundi matin une « messe pour les migrants » dans la basilique Saint-Pierre de Rome. En 2013, le pontife avait alors dénoncé « la mondialisation de l’indifférence » envers les migrants.

Lundi, près de 250 personnes – migrants, bénévoles, représentants de groupes religieux et d’autres organisations d’aide aux migrants – ont assisté à la messe, qui n’était pas ouverte aux journalistes et au grand public, mais a été diffusée à la télévision.

Les migrants sont « des personnes humaines », « le symbole de tous les exclus de la société globalisée, a plaidé le pape François. Ce sont des personnes. Il ne s’agit pas seulement de questions sociales ou migratoires ! Ce ne sont pas seulement des migrants ! »

« Ce sont les derniers abusés et abandonnés qui meurent dans le désert, a insisté François dans son homélie. Ce sont les derniers torturés, maltraités et violentés dans les camps de détention ; ce sont les derniers qui défient les flots d’une mer impétueuse ; ce sont les derniers abandonnés dans des camps pour un accueil trop long pour être appelé provisoire. »

Chute spectaculaire

« Les plus faibles et les plus vulnérables doivent être aidés, a-t-il rappelé. Il s’agit, frères et sœurs, d’une grande responsabilité dont personne ne peut s’exonérer si nous voulons achever la mission de salut à laquelle le Seigneur lui-même nous a appelés à collaborer. »

Depuis l’arrivée au pouvoir à Rome du gouvernement de coalition formé de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), en juin 2018, les arrivées de migrants sur les côtes italiennes ont chuté de manière spectaculaire : depuis le début de l’année, les autorités ont comptabilisé quelque 2 456 arrivées, en recul de 85 % par rapport à la même période de 2018 et de 96 % par rapport à 2017.

Le durcissement de la politique migratoire de l’Italie, sous l’impulsion du ministre de l’intérieur et chef de la Ligue Matteo Salvini, a entraîné des tensions entre les ONG et les autorités qui interdisent les eaux italiennes aux navires des organisations.

Migrants en Méditerranée : « Des morts qu’on ne voit pas sont des morts qui n’existent pas »
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Un navire de l’association humanitaire Mediterranea, qui récupère les migrants en mer, a bravé cette interdiction samedi en accostant à Lampedusa.

Un autre bateau humanitaire, le Sea-Watch 3, avait forcé son passage vers le port sicilien il y a un peu plus d’une semaine après avoir attendu en mer plus de deux semaines avec à son bord 41 migrants secourus au large de la Libye.

Mais le pape a tenu à élargir son propos à toute personne vulnérabilisée par les circonstances, évoquant « les périphéries existentielles de nos villes (…) peuplées de personnes exclues, marginalisées, opprimées, discriminées, abusées, exploitées, abandonnées, pauvres et souffrantes ».