Instagram a annoncé lundi 8 juillet avoir lancé, en test, deux nouvelles fonctionnalités destinées à lutter contre le harcèlement. Elles visent à la fois à diminuer le nombre de messages agressifs sur la plate-forme et à offrir une nouvelle possibilité pour « bloquer » discrètement un autre utilisateur.

Profils « restreints »

Le premier outil utilise un logiciel qui analyse, en temps réel, le contenu d’un commentaire pour déterminer s’il est insultant ou agressif. Si le logiciel estime que c’est le cas, une notification s’affichera sur l’écran de l’auteur, lui demandant s’il ou elle est « certain(e) de vouloir publier ce message ». « Cette intervention donne une chance à l’auteur de réfléchir et d’effacer son commentaire », écrit Instagram dans son communiqué. « Nos premiers tests de cette fonctionnalité montrent qu’elle encourage les utilisateurs à supprimer leur message et à publier un texte moins agressif. »

Le deuxième outil, dont les tests doivent démarrer ces prochains jours, permettra de « restreindre » un utilisateur. Un utilisateur « restreint » n’est pas bloqué : il peut toujours voir le profil de la personne qui l’a « restreint » – sans savoir qu’il est « restreint » –, mais ses commentaires sur le profil de celle-ci ne sont visibles que par lui-même. De même, ses messages directs n’arrivent pas dans la boîte de réception de l’utilisateur qui l’a restreint, mais s’affichent dans la boîte où s’affichent les messages indésirables.

« Les plus jeunes membres de notre communauté nous ont expliqué qu’ils hésitaient à bloquer ou à signaler leurs harceleurs parce que cela pouvait rendre la situation encore plus compliquée pour eux, notamment lorsqu’ils croisent leurs harceleurs dans le monde réel. [Le blocage] rend également plus difficile le fait de surveiller le comportement d’un harceleur », explique Instagram.

Compliquer le harcèlement

Ces deux nouveaux outils visent principalement à « créer des frictions », c’est-à-dire à rendre le harcèlement moins simple, explique Francesco Fogu, designer pour Instagram, dans un entretien au magazine Time. Par exemple, le fait de restreindre un utilisateur fera qu’il ne pourra plus vous mentionner qu’en tapant entièrement à la main votre nom d’utilisateur – la suggestion automatique qui évite à l’utilisateur cette étape fastidieuse sera désactivée.

Instagram a été l’an dernier accusé de ne pas prendre suffisamment au sérieux le harcèlement et le mal-être adolescent sur sa plate-forme, notamment au Royaume-Uni. Les tabloïds britanniques avaient largement couvert l’enquête sur le suicide d’une adolescente de 14 ans, à la fin de 2017, qui avait consulté des images liées à l’automutilation sur le réseau social dans les jours précédant sa mort. Le Daily Mail appelait à l’époque à « mettre en prison » les dirigeants de Facebook, propriétaire d’Instagram. Le réseau social avait à l’époque mis en place de nouveaux outils, notamment un « écran intermédiaire » prévenant l’utilisateur lorsqu’il s’apprête à consulter des images violentes ou choquantes.