Le sélectionneur des Ecureuils du Bénin, Michel Dussuyer, au Caire, le 9 juillet 2019. / KHALED DESOUKI / AFP

Que leur équipe se soit qualifiée in extremis, les supporteurs des Ecureuils s’en moquent bien. Pour l’heure, ils savourent la plus belle page de l’histoire footballistique de ce pays d’Afrique de l’Ouest : un huitième de finale gagné face au Maroc (1-1, 4-1 aux tirs au but), après trois matchs nuls en phases de poules. Derrière cet exploit, il y a une équipe, bien sûr. Mais aussi un homme, Michel Dussuyer, 60 ans, le sélectionneur national, revenu au Bénin en août 2018, plus de huit ans après avoir été limogé.

Pour lui, l’équipe a puisé sa force dans deux succès. L’un face à l’Algérie (1-0) le 16 octobre 2018 et l’autre face au Togo (2-1) le 24 mars. « Ces deux victoires ont apporté de la confiance au groupe et cette confiance nous accompagne en Egypte. Cela fait aussi partie de mon travail de dire aux joueurs qu’ils peuvent rivaliser avec les plus grosses équipes. Nous n’avons sans doute pas la meilleure équipe d’Afrique, mais elle fait très bien ce que je lui demande de faire. Les bons résultats amènent chaque fois un peu plus de confiance et, aujourd’hui, nous n’avons plus envie que cela s’arrête », précise le sélectionneur.

Le retour aux affaires de l’ancien gardien de but de Cannes, Nice et Alès a, selon le défenseur Jean-Marc Adjovi-Boco, transformé le profil de la sélection, à laquelle il a apporté « sa rigueur et son professionnalisme ». « Le Bénin n’a pas de talent individuel comme les plus grandes sélections d’Afrique, mais il compense par d’autres vertus, comme le don de soi ou l’abnégation », ajoute l’ancien capitaine des Ecureuils.

L’un des hommes les plus populaires au Bénin

Jean-Marc Adjovi-Boco évoque notamment la métamorphose du capitaine Stéphane Sessegnon, considéré comme le meilleur joueur du football béninois. « Avant, on ne le voyait pas vraiment participer aux tâches défensives, mais ça a changé. Sessegnon n’est plus seulement un leader technique, c’est devenu un meneur d’hommes, rappelle le joueur. Le coach demande à ses joueurs de bien jouer, mais aussi de faire preuve de rigueur défensive. Il a su donner un vrai équilibre à l’équipe et c’est pour cela qu’elle est désormais capable de rivaliser avec plus fort qu’elle. »

Comme il l’a toujours fait lors de ses précédentes expériences africaines – il a été sélectionneur de la Guinée (2002-2004, 2010-2015) et de la Côte d’Ivoire (2015-2017) –, Michel Dussuyer a décidé de s’installer à Cotonou pour « suivre son championnat, connaître les entraîneurs », sous contrat jusqu’en 2020 et dont le salaire a été revu à la hausse après la qualification pour la CAN 2019. Côté matériel, le Français a bénéficié de l’amélioration de l’organisation interne de la sélection nationale, dont les stages, les déplacements et les conditions d’hébergement sont désormais mieux pensés et répondent aux exigences du professionnalisme. A ses yeux, « quand les joueurs n’ont qu’une chose à faire, penser au jeu, au terrain, cela leur permet d’être plus performants ».

Davantage connu en Afrique qu’en France, le sélectionneur du Bénin est devenu, avec cette qualification historique du pays à une phase finale de la CAN, l’un des hommes les plus populaires au Bénin. Au point que Mathurin de Chacus, le président de la Fédération béninoise de football, déclare : « Je peux vous le dire aujourd’hui : Michel Dussuyer est béninois. »

Le sélectionneur n’a pourtant pas toujours été le bienvenu à Cotonou. Lors de la CAN 2010, deux défaites contre le Nigeria (0-1) et l’Egypte (0-2), futur vainqueur, et surtout de grosses tensions entre les joueurs et la fédération pour des histoires de primes avaient précipité son renvoi. Un aléa qui n’avait pas entamé la cote globale de sympathie et lui ont permis de revenir en août 2018. « Avec le ministre des sports, Oswald Homeky, nous estimions que, parmi tous les postulants, Dussuyer avait le meilleur profil parce qu’il connaît bien le Bénin en particulier et l’Afrique en général », explique Mathurin de Chacus, favorable à son retour à la tête des Ecureuils. « C’est quelqu’un avec qui on peut échanger. Il écoute, n’estime pas avoir toujours raison » ajoute celui qui « apprécie son humilité et sa force de caractère. »

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