L’entrée du Parlement flamand, à Bruxelles. / LAURIE DIEFFEMBACQ / AFP

Il dissertait, à l’hôtel de ville de Bruxelles, sur l’avenir de la Belgique et la nécessité de plus d’autonomie pour la Flandre, tout en présentant ses excuses pour avoir été contrôlé, suite à un accident voici quelques jours, avec trois fois la quantité d’alcool autorisée dans le sang. C’est toutefois une autre affaire qui a emporté Kris Van Dijck, très éphémère président du Parlement flamand. Tandis qu’il s’adressait à l’Assemblée lors de la « fête de la communauté flamande » ce jeudi 11 juillet, les smartphones s’illuminaient et une rumeur enflait : Kris Van Dijck serait intervenu pour permettre à une call-girl, présentée comme sa maîtresse par un magazine, de bénéficier indûment d’avantages sociaux.

« Escort Lynn » aurait eu droit à une couverture sociale, des indemnités de chômage et une prime liée à la fermeture d’une entreprise qui l’aurait recrutée sur recommandation, juste avant de faire faillite. Après son discours – qui restera donc son premier et dernier en tant que président du Parlement flamand – M. Van Dijck s’est discrètement éclipsé ; un peu plus tard, son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA, nationaliste) a annoncé sa démission. L’élu devrait toutefois conserver son poste de député.

Selon quelques sources, le député et maire de Dessel, dans la province d’Anvers, aurait indiqué qu’il n’avait « rien commis d’illégal » et que les faits évoqués étaient « incorrects ». Vendredi, son avocat déclarait qu’il collaborerait à une éventuelle enquête.

La lutte contre la fraude sociale comme cheval de bataille

P Magazine, l’hebdomadaire de charme qui l’accuse, a en tout cas produit des courriels qu’il a échangés, à la fin de 2014, avec « Escort Lynn » au sujet de sa demande d’intervention auprès du ministre fédéral de l’emploi. Celui-ci, Kris Peeters, devenu entre-temps député européen du parti chrétien-démocrate CD & V, a rendu public ce courrier où l’élu nationaliste évoquait, la situation financière « difficile » de sa protégée, qui a finalement obtenu un peu plus de 5 200 euros au titre d’une indemnisation en cas de fermeture d’une entreprise. Elle en réclamait 26 000.

L’affaire tombe au plus mal pour la N-VA, qui a fait de la lutte contre la fraude sociale l’un de ses chevaux de bataille. La formation de Bart De Wever, le maire d’Anvers, reste le premier parti de Flandre mais a connu un net recul lors des élections fédérales et régionales du 26 mai.

Celles-ci ont été marquées, en Flandre, par une forte progression du Vlaams Belang (VB), une formation d’extrême droite qui a récolté les voix de nombreux électeurs du parti de Bart De Wever, déçus par les résultats de la première participation des nationalistes au pouvoir. Or, c’est précisément l’une des figures historiques de l’extrême droite, Filip Dewinter, qui va, en raison de son ancienneté, présider temporairement l’assemblée régionale. C’est la première fois qu’un élu du VB accède à une telle fonction. L’événement a, pour beaucoup, une valeur plus que symbolique.

A l’heure actuelle, les négociations politiques sont, en tout cas, paralysées en Belgique, tant pour la formation d’une coalition régionale flamande qu’au niveau fédéral. Bart De Wever entend assurer à son parti la présidence du gouvernement flamand mais aussi une nouvelle participation au gouvernement fédéral. Il peine cependant à trouver des partenaires, se heurtant notamment à l’intransigeance du PS belge (francophone), qui refuse le modèle « confédéral » qu’entendent imposer les nationalistes.

En Wallonie, les discussions pour la majorité de gauche ont échoué et, désormais, c’est une coalition entre les meilleurs ennemis – le PS de l’ancien premier ministre Elio Di Rupo et le Mouvement réformateur (MR) de Charles Michel, actuel chef du gouvernement et par ailleurs futur président du Conseil européen – qui apparaît comme la seule solution possible. Peut-être avec les Verts comme arbitres, et dans l’incompréhension générale de la population…